Objet : Loi 2 (ex-PL 106) : Merci d'avoir inventé la «Pastille Brun-Marde» au lieu de soigner.
Par Suzy Wong
Aux soins de Valérie Schmaltz
Coalition avenir Québec
Valerie.Schmaltz.VIMO@assnat.qc.ca
Objet : Félicitations pour l'exploit de la Loi 2 (ex-PL 106). Quelle vision de l'efficacité!
Je vous écris en tant que citoyenne profondément... divertie par la récente prouesse de la Coalition Avenir Québec: l'adoption, sous bâillon, de la Loi 2. On applaudit l'audace! Pourquoi dialoguer quand on peut juste imposer? C'est tellement plus efficace, comme méthode pour gérer un système aussi complexe que la santé.
Ce geste, lourd de conséquences, s'inscrit parfaitement dans la nouvelle mode: la «Démocratie Turbocompressée», où les décisions politiques, rapides comme l'éclair, remplacent le dialogue, la science et, avouons-le, le respect pour ceux qui ont passé une décennie à étudier. C'est ça, la modernité!
Madame la Députée, j'ai hâte de voir cette loi donner un coup de fouet à notre système de santé, surtout que mon dossier médical est déjà si simple qu'il nécessite une grue et un archiviste diplômé en histoire médiévale pour être consulté. Mais grâce à vous, ce sera encore mieux! Mon excellent GMF de la Cité de la Santé de Laval me promet déjà l'honneur de la pastille brun-marde, la nouvelle décoration pour les patientes "lourdes" dont la complexité est visiblement plus encombrante que le manque criant d'effectifs. C’est un tel soulagement de savoir que, au lieu d'embaucher une infirmière de plus, le gouvernement a préféré inventer une nouvelle couleur pour nous classifier! Quelle brillante solution: nous n'avons peut-être pas de soins, mais au moins, nous serons très bien étiquetées.
Plutôt que de s'attaquer aux causes structurelles, comme la pénurie de personnel (qui n'est pas un problème, ce sont juste des vacances prolongées pour le personnel existant), la CAQ a choisi la solution la plus brillante: faire des médecins les boucs émissaires d'un système qui était, rappelons-le, déjà en crise avant qu'ils ne le touchent.
Il est vraiment touchant de constater que les propres expertes mandatées par le gouvernement n'appuient pas cette réforme. Le gouvernement a choisi d'ignorer leurs recommandations, préférant l'approche : «Ce n'est pas un bug, c'est une fonctionnalité électoraliste à court terme !»
Je vous implore donc de considérer, juste pour rire, de demander le retrait immédiat de cette loi. Incitez les membres du gouvernement à rétablir un dialogue réel avec les médecins, soignantes et partenaires du réseau. Un dialogue fondé sur les preuves, la confiance et le respect mutuel. Un peu comme on fait dans les pays qui ont des systèmes de santé qui fonctionnent.
Les Québécoises et Québécois méritent un système de santé humain, cohérent et pérenne, pas une réforme improvisée qui ressemble plus à un puzzle dont il manque la moitié des morceaux.
J'estime qu'il est du devoir de chaque députée, peu importe son affiliation politique, de défendre les intérêts des citoyennes avant ceux de son parti. Et de refuser de cautionner une loi qui met en péril l'avenir des soins au Québec.
Finalement, c'est un résultat éblouissant de vos promesses d'abolir la lourdeur et de donner plus d'autonomie au terrain! J'ai hâte de voir la prochaine promesse d'efficacité se concrétiser par l'ajout d'une nouvelle couche de bureaucratie en papier bulle.
Veuillez recevoir l'expression de ma vive préoccupation et de mon appel à la responsabilité.
suzywong1975@icloud.com
P.S. : Ce courriel est également transmis, par pure courtoisie administrative, au Ministre de la Santé, à l'opposition, aux Fédérations de médecins et à quelques journalistes. C'est notre nouvelle façon de «travailler près du terrain»: s'assurer que tout le monde reçoive le mémo en même temps. Je suis certaine qu'ils apprécieront tous le récit de ma future pastille brun-marde!




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