La FTQ-Construction découvre l'existence de la caisse d'épargne et arrête de vider celle des membres pour son cellier.

 Par Suzy Wong

MONTRÉAL – Hey, gang! C’est-tu moi, ou ben on prend les membres syndiqués pour des valises double épaisseur ? La FTQ-Construction vient d’annoncer, le cœur lourd et la larme à l’œil (sûrement une larme de scotch à 55$), que c’est FINI, la grosse vie de pacha sur le bras des cotisations. Plus de homard en Gaspésie, plus de steak à 88 piastres, plus de soupers-lobby qui finissent à l’aube avec une facture plus longue que le pont de Québec.

Genre, ils s’attendent à quoi? Qu'on saute de joie sur nos chantiers, le marteau à la main, en criant: «Merci, les boss! Merci d'avoir arrêté de vous torcher avec notre argent!»

Le temps des Martyrs du Vin

Faut les comprendre, quand même! C’est pas facile, la vie de dirigeant syndical. Faut bien se sacrifier pour les membres. Ces soupers à 2000$, c’était pas pour le plaisir, voyons! C’était du «réseautage intensif», de la «négociation stratégique»!

Exemple de l'ancienne politique de dépenses:

Représentant A: «Bon, les gars, pour la prochaine convention collective, on va demander une augmentation de...»

Représentant B: «Chut, A! Faut que tu goûtes au millésime 2018. Il est corpulent. Notre objectif, c'est que les entrepreneurs comprennent qu'on a le palais fin, qu'on est pas des bâtisseurs de seconde zone! Ça, c'est la VRAIE stratégie. Si le vin est cheap, la négo va être cheap! C'est logique!»

Facture de 5 bouteilles de Bordeaux, 45 minutes plus tard.

Maintenant, ils sont forcés de manger au St-Hubert Express pis de boire de l'eau du robinet aux réunions. C'est la mort subite de la culture syndicale du luxe. Moi, je dis qu’on devrait organiser une marche pour ces pauvres dirigeants: les Martyrs du Vin de Table. On pourrait leur offrir des boîtes de carton de vin rouge pour les aider à passer à travers cette épreuve. 

L'Épreuve du Perrier Frette

C’est le moment de vérité, ça. On va enfin voir s'ils négocient avec leur cerveau ou juste avec leur foie bien arrosé.
Parce que, franchement, le plus schiasse dans toute cette affaire, c'est l'hypocrisie. Pendant que Joe l'ouvrier se pèle le jonc sur l’échafaudage à -20 degrés et calcule le coût de son hypothèque, les boss s'enfilent des scotchs à 55$ le verre! 55 piastres, c'est presque une heure de travail pour ben du monde! Eux, c'est leur «eau minérale» de fin de soirée.
J'imagine la nouvelle politique:

1. Finies les bouteilles de vin avec des noms imprononçables. Si vous ne trouvez pas la bouteille à la SAQ Dépôt, elle n'est pas remboursable.
2. Le pourboire maximal sera désormais de 15%. Et n'essayez même pas de justifier un pourboire de 500$ pour un repas de deux personnes en disant que c'était pour «encourager la relève culinaire». 
3. Les achats de crevettes nordiques et de homard en pleine tournée de la Gaspésie ne seront plus considérés comme des «dépenses essentielles de subsistance». Sauf si vous pouvez prouver que les fruits de mer étaient utilisés pour une expérience scientifique sur la résistance du crustacé au stress lié au manque de budget.

Bref, c’est le grand coup de balai, paraît-il. Mais moi, j'ai l'impression qu'on a juste pris la poussière sur le tapis, pis qu'on l'a tassée en dessous. Maintenant, il faut s'assurer que le balai, il continue de frotter, et qu'il ne soit pas vite échangé contre une autre bouteille à 300$.

Alors, on les surveille, les boys! À go, on leur donne une tape dans le dos, mais on garde le compte des dépenses!

Vu qu'ils vont sauver des milliers de dollars en Scotch, voulez-vous que je trouve une liste des meilleurs restaurants (abordables, cette fois) où les dirigeants de la FTQ-Construction pourraient aller pour leurs futurs «dîners-lobby»?