La logique du grand n'importe quoi

 Par Suzy Wong

Tylenol et autisme c’est comme dire que les ventes de crème glacée causent les noyades.

Cette comparaison peut sembler étrange, mais elle illustre parfaitement une erreur de logique très courante : confondre la corrélation et la causalité.

Voici le raisonnement :

Les ventes de crème glacée augmentent en été.

Le nombre de noyades augmente aussi en été.

On observe donc une corrélation, mais cela ne signifie en aucun cas que la crème glacée est la cause des noyades. Les deux événements sont plutôt liés à une cause commune : la saison chaude, qui incite les gens à la fois à manger de la crème glacée et à aller se baigner.

La comparaison que j’en fais est en effet l'un des exemples les plus célèbres et les plus efficaces pour illustrer la différence entre corrélation et causalité. Si c’est pas assez clair, en voici d’autres: 

On va se le dire : la corrélation, c'est quand deux choses semblent aller ensemble. Genre, quand l'une monte, l'autre monte aussi. La causalité, c'est quand l'une cause l'autre. C'est là que le trouble commence, parce qu'on a le cerveau pas mal fait pour voir des liens partout, même quand y'en a pas. C'est l'erreur du débutant, comme essayer de faire la poutine sans fromage en grains.

Exemples :

• Le nombre de tuques vendues et le nombre de journées de maladie. Plus les gens achètent de tuques, plus ils sont malades. On est tous d'accord pour dire que c'est pas la tuque qui rend malade. C'est juste que les deux montent quand il fait plus froid.
• Le nombre de fois qu'on dit "tabarnak" et les profits des quincailleries. Plus on jure, plus les magasins de rénovation font de l'argent. C'est pas le sacre qui fait rentrer l'argent, c'est juste que la plupart des travaux de rénovation finissent en sacres.

• Le prix du 4x4 et le nombre d'accidents de vélo. C'est pas parce que les VUS sont chers que les vélos tombent. La corrélation est risible, mais c'est pas le VUS qui cause l'accident. On pourrait peut-être blâmer le manque de pistes cyclables, par contre.