Le protectionnisme américain et le talon d'Achille canadien
Par Suzy Wong
Alors, laissez-moi vous raconter une histoire, l'histoire du Canada, mon histoire. On se lève un bon matin, on se met debout fièrement, le torse bombé, pour reconnaître l'État de la Palestine. C'est un geste de principe, un geste diplomatique, un geste, disons, audacieux. Et qu'est-ce qui nous tombe dessus, à nous, les grands idéalistes ? Une belle claque sur la joue, un gros 35 % de droits de douane, applicable maintenant. Pas de pitié, pas de délai. C'est comme si on avait dit à notre voisin qu'on trouvait que sa nouvelle pelouse n'était pas si belle que ça, et qu'il nous répondait en nous coupant l'eau et l'électricité sur-le-champ.
Pendant ce temps, de l'autre côté, le Mexique, lui, a eu droit à 90 jours. Quatre-vingt-dix jours pour négocier, pour parlementer, pour peut-être même changer d'idée. C'est le petit chouchou qui a le droit à un avertissement avant la punition, alors que nous, on a eu le coup de massue direct. On est les enfants qui n'ont pas le droit de négocier, qui n'ont pas droit à une explication, alors que le Mexique a le droit de s'asseoir à la table des grands et de discuter. C'est comme le professeur qui nous met une retenue immédiate pour avoir parlé en classe, alors que le petit populaire à côté de nous peut bavarder pendant tout le cours et s'en sortir avec un simple avertissement.
Et ce n'est pas tout. La Banque Royale a jeté un regard sur nos exportations, et qu'a-t-elle vu ? Un déclin. Une dégringolade. On est en train de se faire dépasser par tout le monde, sauf la Chine. C'est comme un coureur qui, au lieu d'accélérer, ralentit et regarde tous ses concurrents lui passer devant. On est comme une voiture qui roule avec le frein à main enclenché, pendant que les autres foncent sur l'autoroute.
On est mal outillés, nous dit-on, pour survivre dans ce monde plus protectionniste. Et c'est là que réside la vraie urgence, le vrai problème. Ce n'est pas le président américain qui change d'avis comme il change de chemise, et qui ne respecte pas les ententes qu'il a lui-même signées. Non, le problème, c'est nous. C'est notre productivité qui souffre d'un manque chronique, comme une maladie invisible qui nous ronge de l'intérieur. C'est le fait que nos entreprises, pour produire la même chose, ont besoin de plus de temps, de plus de ressources que leurs concurrents. C'est comme si on essayait de gagner un match de basket en lançant le ballon à un panier plus haut que celui de nos adversaires. On peut bien s'entraîner, faire de notre mieux, mais on part avec un désavantage de taille.
Alors, on peut bien se lamenter sur le sort que nous réserve notre voisin, mais la vraie urgence, c'est de regarder dans notre propre cour. C'est de réparer cette machine qui ne tourne pas à plein régime. Parce que tant que nous ne ferons pas cela, on pourra se battre pour tous les principes du monde, on se fera toujours «manger la laine sur le dos» à l'international. Et notre grande fierté n'aura pas le poids d'une plume face aux dures réalités économiques.
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