La grande farce des mots Mots d'enfer, mots d'amour Le dictionnaire des non-dits

 Par Suzy Wong

Inspirée par un p’tit mot gentil de @Cannelle57@qlub.social


Le drame de la conversation

Des mots pour dire, c'est comme essayer de vider la mer avec une cuillère à café. C'est un effort louable, mais on sait tous que ça ne marchera jamais. On nous a fait croire que les mots étaient un pont entre nos cerveaux, mais la plupart du temps, c'est plus un pont qui mène à un cul-de-sac.
Par exemple, quand ton chum te demande après l’amour : « À quoi tu penses ? » et que tu réponds, avec la meilleure intention du monde : « À rien, mon amour, je me demandais juste si les écureuils avaient des anniversaires. » C'est une réponse honnête. Tu penses vraiment à ça. Mais la conversation s'arrête là, et tu te retrouves avec un regard qui pourrait faire fondre l'acier. Les mots sont une mine terrestre. Tu ne sais jamais quand tu vas en faire exploser un.

La malédiction des compliments

Et les compliments ! Mon dieu, les compliments ! C'est censé être gentil, mais ça tourne toujours au vinaigre. Tu dis à ton ami : « Wow, ta nouvelle coupe de cheveux te rajeunit de dix ans ! » Et elle te répond : « Donc avant j'avais l'air d'une vieille toupie ? » Non, non ! C'était pas ça que je voulais dire ! Mais les mots, ces petits traîtres, ont un sens caché qu'on ne soupçonne qu'après les avoir prononcés. C'est comme quand tu dis à ton collègue : « J'aime beaucoup ton idée, c'est très... créatif. » Et qu'il te regarde avec un sourire forcé. Tu sais au fond de toi que ce « créatif » était un euphémisme pour « complètement loufoque et irréalisable ».

La malédiction du "ça va ?"

On nous a appris à dire « ça va ? » comme une formule magique qui ouvre la conversation. Mais c'est un piège. Si tu réponds « Oui, ça va ! », la personne s'en fiche et continue sa journée. Mais si tu oses répondre « Non, pas vraiment, j'ai eu une journée de fou au travail, le chat est malade et ma voiture fait un drôle de bruit », tu vois un mur d'inconfort se dresser. La personne se tortille, regarde sa montre, et finit par dire « Ah, c'est pas de chance ! » avant de s'enfuir en courant. Les mots sont faits pour nous laisser penser qu'on se soucie les uns des autres, alors qu'en fait, on préfère largement la tranquillité de nos bulles.

Le "Je t'aime" et la Boîte de Pandore

On dit que « je t'aime », c'est le plus beau mot du monde. C'est vrai, jusqu'à ce que tu le dises à une personne qui t'a fait un café-filtre trop faible. Là, le « je t'aime » se transforme en « je t'aime, mais tu m'écœures avec ton café-filtre trop faible. » On dirait que les mots ont des petits clauses cachées, comme un contrat de cellulaire. T'as beau être de bonne foi, il y a toujours un petit astérisque qui va te trahir. C'est pas pour rien que les amoureux finissent par se chicaner sur le sens d'un simple mot.

Les faux-semblants des promesses

Quand tu dis « Je vais t'appeler demain », tu penses que c'est une belle intention. En fait, c'est une façon de dire « Je veux que tu penses que je me soucie de toi, mais je vais oublier de t'appeler à la minute où je vais t'avoir perdu de vue. » On fait ça avec les amis, avec la famille, et surtout avec soi-même. On se promet de faire du sport, de manger moins de chips, pis on finit la soirée sur le sofa, une poutine à la main, en se disant qu'on va commencer demain. Les mots, c'est le plus grand menteur du monde, pis on adore ça se faire dire des mensonges. C'est comme le Père Noël pour les adultes. C'est pas vrai, mais c'est l'fun d'y croire.

L'absurdité du "Je n'ai rien dit"

Le plus grand mensonge de la communication, c'est le silence. On pense qu'en ne disant rien, on évite les problèmes. Mais le silence est un mot en soi, et il est souvent le plus dévastateur. Imagine cette scène : tu rentres à la maison, et ton partenaire te lance un regard qui pourrait faire fondre une banquise. Tu demandes, « Qu'est-ce qui se passe ? » Et la réponse arrive, glaciale et remplie de non-dits : « Rien. »
Ce « Rien » est un mot de passe. Il signifie en réalité : « J'ai la gorge nouée, je suis tellement déçue ou en colère que si j'ouvre la bouche, c'est pour crier, alors je vais te laisser deviner, souffrir et te débrouiller tout seul avec mon silence. » C'est un peu comme envoyer un message secret en espérant que l'autre ait le code pour le décrypter.

La tyrannie des "promesses"

Les promesses sont des mots qui se déguisent en intentions. « Je t'appelle demain. » « On devrait se voir bientôt. » « Oui, je le ferai. » On les prononce avec une sincérité feinte, en sachant très bien qu'on ne les tiendra jamais. C'est une façon de dire « Je veux que tu penses que je me soucie de toi, mais je ne me soucie pas assez pour réellement le faire. »
On se promet de ne plus manger de chocolat, de faire du sport, de commencer ce projet. Ces mots sont des mensonges que l'on se fait à soi-même. Et le plus drôle, c'est qu'on y croit à chaque fois. Les mots ne sont pas seulement un pont entre les gens ; ils sont aussi une prison que l'on construit pour s'y enfermer.

En fin de compte

Les mots, c'est une sacrée farce. On les utilise pour se dire bonjour, pour commander un café, pour dire à l'autre qu'on l'aime, ou pour expliquer à son chien qu'il a volé un autre bout de pain sur la table. Mais le vrai sens, il est toujours ailleurs. Il est dans les regards, dans les soupirs, dans les silences.
Alors, la prochaine fois que tu voudras dire quelque chose d'important, pense à un mime. Ou envoie un emoji. C'est peut-être un peu moins poétique, mais au moins, il y a moins de risques de malentendus. Parce que, soyons honnêtes, les mots ne sont qu'un outil pour compliquer les choses.



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