La Farce du Système : Acte de Sécurité en Péril
Par Suzy Wong
Inspirée par le JDM :
Imaginez que le projet était une immense pièce de théâtre, commandée par le ministère de la Santé. Un drame absurde, à l'affiche depuis sept ans de trop.
Acte I : La comédie du coût
Dans une salle de réunion immaculée, des fonctionnaires en chemise cintrée et aux lunettes de créateur se félicitent. "152,7% d'augmentation ! C'est une œuvre d'art, messieurs ! Un chef-d'œuvre ! La preuve que nous ne comptons pas quand il s'agit de la santé du peuple ! C'est un peu comme si nous avions remplacé une vieille Ford Pinto par une navette spatiale, mais en payant le prix d'une constellation entière. C'est de l'ingénierie financière de haut vol !" Ils rient. Le rire se perd dans les couloirs, résonnant comme un écho vide dans les comptes du gouvernement.
Acte II : La tragédie de la sécurité
Pendant ce temps, dans les coulisses de la pièce, l'application désuète agonise. Elle est un vieux grimoire, jauni par le temps, ses pages tombant en lambeaux, ses sortilèges devenant inefficaces. Elle tousse et crachote des "risques en matière de sécurité informationnelle" comme un vieux fumeur. Les données des patients sont là, exposées, comme une troupe de figurants vulnérables attendant leur destin funeste. Un pirate informatique, tapi dans l'ombre, pourrait très bien s'emparer de la scène. "C'est un risque mineur", rassure la narratrice invisible. "Rien qu'un petit coup de couteau dans le dos de la confiance publique."
Acte III : L'espoir de la farce
Enfin, la nouvelle application, la star tant attendue, fait son entrée. Une diva au déhanché numérique, avec une arrivée en grande pompe dans les régions de Montréal, Laval et la Capitale-Nationale. Les projecteurs sont braqués sur elle. "Les établissements sont déjà en opération !", s'écrie-t-on, comme si c'était une victoire. Mais les figurants, eux, savent que la pièce ne fait que commencer. Le public, les contribuables, applaudit poliment, le regard vide. Il ne sait pas si la pièce sera une réussite ou un échec, si l'héroïne sauvera le jour ou si elle finira par se transformer en un autre drame comico-tragique.
La lumière s'éteint. Le silence s'installe. Le rideau tombe. Le public se lève, médusé, et se demande si les sept prochaines années verront la suite de cette farce sans fin. Et là, dans l'obscurité, le fantôme de la vieille application désuète murmure, avec un rire rauque : "La première partie était une blague. La seconde... était un cauchemar."
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