Diriger une garderie de mononcles et de matantes

 Par Suzy Wong

Hommage à un Courageux!

S'occuper de syndiqués, c'est comme diriger une garderie, mais une garderie de mononcles et de matantes avec des griefs, une convention collective et le droit de chialer à propos du stock de café. C'est une job d'fun, mais il faut être sur ses gardes, parce que le moindre petit détail peut déclencher une tempête. Tu as toujours un œil sur l'horaire des pauses, l'autre sur l'ancienneté, pis la tête dans la convention collective pour t'assurer que tu ne te mets pas le pied dans les plats.

Du grill-pain au congédiement

Les histoires les plus hilarantes sont souvent celles qui touchent à des choses banales. Pense au fameux conflit du thermomètre : deux syndiqués, qui travaillent côte à côte depuis 20 ans, se font la guerre pour la température de la shop. Un veut qu'il fasse 22 degrés, l'autre 21. Ils déposent un grief et ça se termine par une rencontre de médiation avec la délégation syndicale. Après trois heures de palabres, on décide d'installer un deuxième thermomètre et de faire la moyenne. C'est pareil pour le cas du pain perdu, où un employé est tellement en tabarnak parce que son collègue a mangé sa toast qu'il demande une rencontre d'urgence avec son représentant syndical, exigeant une compensation.

Ceci étant dit, ce n'est pas toujours une blague. 

Les syndicats s'occupent aussi de cas sérieux comme la santé et sécurité au travail lorsqu'un syndiqué se blesse sur un plancher mouillé, des congédiements injustifiés ou des problèmes liés aux horaires de travail qui ne respectent pas les règles de la convention collective. C'est le rôle du syndicat de veiller au bien-être de ses membres. Bref, s'occuper de syndiqués, c'est avoir la face de bœuf et une bonne dose de patience. C'est une job où tu es à la fois psychologue, médiateur, arbitre et boss des bécosses. C'est le fun, mais il faut être prêt à encaisser et à prendre des coups.

Quand la coupe est pleine

Après une douzaine d'années à ce poste, s'occuper de syndiqués c'est comme être le grand-père d'une famille de 150 personnes. T'as tout vu, tout entendu, et tu sais que les crises du jour ne sont que des versions recyclées des crises d'il y a 10 ans. Tu sais d'avance qui va chialer pour l'air climatisé, qui va se plaindre des changements d'horaire, et qui va toujours vouloir aller en arbitrage pour un pot de café vide.

C'est quand tu réalises que tu passes plus de temps à lire la convention collective qu'à faire ta job. C'est quand tu te surprends à soupirer en voyant un courriel de l'exécutif syndical, parce que tu sais que c'est le début d'un nouveau conflit. C'est le moment où tu te dis que c'est assez. Tu as géré la querelle du grille-pain, le conflit de la poignée de porte et le mystère du sandwich disparu. C'est le moment où tu te dis qu'il est temps de prendre ta retraite ou d'aller travailler ailleurs. Ce n'est pas une question de faiblesse. C'est une question de sagesse. Tu as tout fait. C'est le moment de passer le flambeau.


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