Santé Québec: L'hôpital est un business, et le patient, une statistique!
Par Suzy Wong
Ah, Santé Québec! Calvaire, quelle invention! L'idée de pouvoir faire des optimisations à la grandeur du réseau, c'est pas mal la meilleure blague depuis l'invention du pain tranché. Qui aurait cru qu'en mettant tout le bordel dans le même panier, on allait enfin trouver une solution miracle? C'est un peu comme si, au lieu de vider chaque toilette qui déborde dans chaque maison, on décidait d'attendre que tout le quartier soit inondé pour installer une seule et même super-pompe qui, par magie, siphonnerait toutes les égouts de la province. Ça, c'est du génie!
Imaginez la patente: des patenteux en optimisation, armés de leurs "pitons" Excel pis de leurs algorithmes à la noix, vont se pencher sur chaque crisse de post-it du système de santé. "Hey, au CISSS de la Basse-Côte-Nord, y'utilisent des crayons bleus. Mais au CIUSSS de l'Estrie, c'est du noir! C'est inacceptable, ça! On va 'optimiser' cette différence pour sauver... 0,0001% du budget total des crayons du Québec!" Le potentiel est infini, pourvu qu'on ait le temps de compter les grains de sable dans le désert, tabarnouche.
Mais le vrai coup de maître, la cerise sur le sundae de l'efficacité, c'est la possibilité de comparer la performance financière des établissements entre eux. C'est comme organiser une course à la petite vache où les coureurs sont pas évalués sur leur vitesse, mais sur la couleur de leur maillot de bain pis la marque de leurs lunettes.
On va voir apparaître des rapports comparatifs avec des titres qui donnent le goût de s'arracher les cheveux: "Le CISSS de la Capitale-Nationale: Champion des économies de papier de toilette, contre le CIUSSS du Saguenay-Lac-Jean: La chèvre des coûts de café!" Bien sûr, on va oublier de dire que le CISSS de la Capitale-Nationale n'a plus un patient en santé et que le CIUSSS du Saguenay-Lac-Jean est le seul à avoir une urgence qui marche après 5 heures. Les chiffres, c'est tellement plus clair que la vraie vie, hein?
Et là, la logique implacable entre en jeu: un établissement qui a des coûts moyens plus élevés doit économiser davantage, et inversement. C'est d'une simplicité désarmante, non? Genre, si ton char consomme trop d'essence, au lieu de regarder s'il y a un trou dans le réservoir, on te dit juste de moins rouler. Simple et efficace! Ceux qui gèrent mieux leurs sous, ben... ils ont juste à continuer leur bonne besogne sans se fouler. Par contre, ceux qui sont dans le rouge parce qu'ils offrent des soins spécialisés ou qu'ils sont en région éloignée, eux, ils vont devoir se serrer la ceinture jusqu'à ce que les patients n'aient plus de place pour respirer. Bravo l'équité!
Les gestionnaires vont enfin se sentir motivés à se dépasser. Fini le temps où on se souciait de la qualité des soins ou de l'accès. Non, le but ultime, ce sera de gagner le trophée de la meilleure performance financière, même si les patients attendent des jours sur une civière dans un corridor, parce que la climatisation, ça coûte cher. Après tout, un hôpital, c'est d'abord une business, non? Pis une business, ça doit faire de l'argent. Même si la "rentabilité" se calcule en lits vides et en médecins à boutte.
Parlons un peu du budget de Santé Québec: 44,9 milliards en 2025-2026! C'est pas une poutine, c'est un festin royal! Et la cerise sur le gâteau de cette gestion éclairée, c'est que 50 % des économies des centres hospitaliers devraient venir de seulement 10 des 162 secteurs d’activité répertoriés. Un vrai tour de magie! Parmi ces dix élus, on retrouve l'administration générale (parce que c'est bien connu, moins on a de monde pour administrer, mieux ça va!), l'aide à domicile (parce que les vieux, ça coûte cher à la maison, mieux vaut les laisser se débrouiller), les soins liés à l'hospitalisation (on va juste réduire les séjours, quitte à ce que le monde sorte de l'hôpital avec un pied dans le plâtre et l'autre à l'article de la mort), l'imagerie médicale (qui a besoin d'une radiographie quand on peut juste "sentir" la fracture?), l'urgence (ben oui, l'urgence, c'est là qu'on peut vraiment faire des miracles d'économies en réduisant les temps d'attente... en faisant fuir le monde!), et les télécommunications (parce que parler aux patients, ça coûte un bras). C'est clair que si on coupe dans ces secteurs-là, le système de santé va devenir d'une efficacité redoutable, un vrai modèle de discrétion et de silence!
En gros, Santé Québec nous promet une nouvelle ère où la bureaucratie va atteindre des sommets de folie jamais vus, tout ça sous le beau prétexte de l'optimisation. Tenez-vous, le Québec va bientôt être le champion du monde de la non-performance financière optimisée! Pis ça, c'est pas une blague!
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