Le Bouclier de la Confusion : Ottawa Maître du Jeu de la Patate Chaude Américaine
Par Suzy Wong

Dans la grosse marmite d'Ottawa, où le changement, c'est comme une tempête de neige en juillet pis la clarté, un mythe qui fait jaser les bûcherons, le dossier du "Bouclier Anti-Missile Très Dispendieux Proposé Par Trump" (le BATDPPT, pour les initiés qui ont le droit de savoir que c'est un acronyme, mais chuuuut!) continue de flotter dans une espèce de purée de pois gouvernementale. Une purée tellement épaisse qu'elle ferait pitié à un banc de brouillard de Terre-Neuve, mais avec une p'tite touche de poutine pis de la bonne volonté à la tonne.
La question, posée avec la délicatesse d'un orignal en rut qui débarque dans une salle de conférence, était simple : « On le paie, ce bouclier-là, ou on fait juste semblant ? » Pis la réponse, fidèle à la tradition, fut un chef-d'œuvre de l'art de l'esquive.
Paraît qu'il y a des discussions en cours avec Washington au sujet du bouclier antimissile nord-américain – que le gros Donald a baptisé le « Dôme d’or ». Mais, tiens-toi bien, le gouvernement Carney reste prudent comme un renard sur une patinoire, voire flou presque total sur ses intentions. « On ne négocie jamais en public », a dit le Premier ministre Mark Carney, avec un air de gars qui a tout compris, en arrivant au caucus des libéraux un mercredi matin. C'est vrai, pourquoi négocier en public quand on peut le faire en catimini, juste pour être certain que personne ne comprenne rien ? C'est ça, la vraie diplomatie !
Puis, le ministre de la Défense, David McGuinty, n’a pas voulu donner trop d’oxygène aux propos tenus par le président américain, Donald Trump, au sujet de la participation canadienne au « Dôme d’or » au coût de 61 milliards – ou à coût nul si le Canada accepte de se faire avaler par son voisin au sud. McGuinty a déclaré, avec la sagesse d'un vieux sage qui a tout vu : « J’ai appris il y a très longtemps que lorsque vient le temps de gérer les relations avec d’autres pays, on peut juste contrôler ce qu’on peut contrôler. Et ce qu’on peut contrôler en ce moment, ce sont les décisions qui concernent le renforcement de notre souveraineté. » Traduction : on va faire semblant de s'occuper de nos affaires, pis on verra bien ce qui nous tombe dessus.
« On est en consultation approfondie avec nos partenaires... euh... américains », a fièrement déclaré un porte-parole du ministère de la Défense Nationale (le MDN), le regard perdu dans le vague. Son nom restera secret, bien sûr, pour des raisons de sécurité nationale, pis surtout parce qu'il change toutes les semaines. « Faut évaluer toutes les options, toutes les implications géopolitiques, pis surtout, toutes les p'tites nuances de gris », qu'il a ajouté, comme si les nuances de gris, c'était pas déjà notre pain et notre beurre ici.
Le Dr. Phil O'Blabla, un éminent expert en "non-décisionnalité stratégique" (son nom, c'est juste une coïncidence, pis toute ressemblance avec une personne réelle serait purement... accidentelle, juré craché!), a donné son avis éclairé. « Le Canada, c'est le champion du monde de la 'postposition décisionnelle anticipée'. Ça veut dire qu'on attend de voir ce que les autres font avant de faire semblant d'avoir toujours eu l'intention de faire ça. C'est une tradition, ça. Une vieille, vieille tradition, même. Une qu'on enseigne aux p'tits fonctionnaires dès la maternelle, j'te dis. »
Pendant ce temps-là, les ingénieurs du MDN, qui veulent pas perdre leur temps – surtout pas leur temps pour les pauses café –, ont commencé à développer leur propre version du bouclier. Au lieu d'intercepter les missiles avec des lasers de l'espace, eux, ils proposent un système avec des canards en plastique géants pis des mitaines tricotées par des grand-mères bénévoles. « C'est plus canadien, ça ! » a expliqué un ingénieur avec une fierté qui fendait l'âme. « Moins agressif, plus... 'désolé pour le missile, mais voici un bon chandail chaud'. Pis en plus, ça coûte pas cher, on pourrait même avoir des subventions provinciales pour les mitaines ! »
Les chialeux, rares et vite muselés par des offres de places de stationnement gratuites au centre-ville d'Ottawa (le gros luxe ici!), ont osé dire que le coût du "bouclier fantôme" était déjà exorbitant. « On a acheté des études sur les études des études », a gueulé un député de l'opposition, vite remis à sa place pour son « excès de clarté ». « On a même une étude sur comment les études affectent la capacité décisionnelle ! C'est fort, pareil ! »
Et c'est comme ça que le dossier du BATDPPT continue de flotter, comme un glaçon dans un verre de sirop d'érable tiède, sans que personne ne sache s'il va fondre, geler, ou juste être oublié dans un tiroir de bureau d'un sous-ministre adjoint, sous une pile de formulaires de remboursement de dépenses. Mais une chose est sûre : à Ottawa, la clarté, c'est rare comme un bon steak saignant, pis le flou artistique, c'est une monnaie qui vaut de l'or. Pis ça, c'est très, très canadien.
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