La guerre des « vrais » Québécois : quand les statistiques s'en mêlent

Par Suzy Wong

Québec : terre d'accueil ou de statistiques

« Ostie que les statistiques, c'est gossant! On dirait qu'ils voient le monde en noir et blanc, ces maudits chiffres-là! (Moi, je vois rouge!) La semaine passée, j'ai failli m'étouffer avec mon café, pas en apprenant que 68 % des élèves de Montréal seraient des « immigrants », mais parce qu'ils comptent même les enfants nés ici, au Québec, dont un des parents est né ailleurs! C'est tu assez cave, ça? Moi qui suis donc immigrante, je me suis sentie comme si on était en plein dans une version québécoise de «Un dîner de cons».

«Quand serons-nous enfin Québécois?»  (allez lire)

Journal de Montréal

Parmi ces « envahisseurs », parce que souvent c'est l'impression que j'ai quand nos politiciens parlent d'immigrants, il y a des ti-culs nés ici, au Québec, dont moi, qui ont grandi en regardant Passe-Partout et Bobinette. Des vrais de vrais Québécois, quoi! J'étais tellement en maudit que j'ai dû sortir mon plus beau mouchoir brodé de fleur de lys.

Et là, cette phrase me vient en tête : « Qu'ils restent donc entre consanguins, alors! ». C'est tu assez niaiseux? On dirait du Molière réécrit par un troll des cavernes. C'est tellement raffiné, tellement subtil. J'étais en crisse, pouvez-vous comprendre ça? C'est encore une façon de nous étiqueter, de nous diviser en «vrais Québécois» et en «autres». Comme si on était des produits en spécial au supermarché! Pire, les petits cons qui me donnaient des volées à la petite école Ste-Geneviève à Sainte-Foy n'avaient pas tort : j'étais pas une québécoise!

Mais attendez, il y a un revirement de situation! Si c'est parce que je n'ai pas capoté sur «La Petite Vie» que je suis considérée comme une immigrante, alors ça me va! C'est vrai que je n'ai pas aimé ça. Mais pour ma défense, je suis une fan finie de « Dans une galaxie près de chez vous », de la pièce de théâtre «Les Voisins» et «La Semaine verte» que je regarde depuis toujours ! Alors, est-ce que ça me rachète une place dans le cœur des vrais Québécois? Parce que si c'est le cas, je suis prête à renoncer à mon statut d'immigrante et à rejoindre les rangs des «purs».