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Le droit de Marcher, ou le triomphe du Gros Bon Sens

 Par Suzy Wong


Ah, Montréal! Cette Cité des Saints, cette pépinière de la Raison, où l'on s'étonne chaque matin de découvrir que le service essentiel du transport en commun n'est, en vérité, qu'un plateau de la Balance de la Justice, que l'on incline à loisir au gré des humeurs pécuniaires et des caprices syndicaux. Quelle admirable démonstration de la Philosophie Moderne! C'est-tu pas assez fatigant, ça?

L'on nous dit, voyez-vous, qu'il y a des négociations à faire. Fort bien! Car sans Négociation, l'Homme ne serait qu'une brute. Mais l'on oublie d'ajouter que ces Négociations se tiennent dans des bureaux bien chauffés, loin du vent glacial qui mord les joues du bon Peuple. Pendant ce temps, le citoyen, l'honnête Commerçant, le Laborieux qui ne demande qu'à œuvrer pour l'enrichissement général, se trouve pris en otage. C'est le party à l'hostage! Une formule élégante, n'est-ce pas? On dirait presque que le Peuple est invité à un de ces bals masqués où l'on lui dérobe sa bourse tout en lui offrant le spectacle d'une Danse du Droit. Toute une patente!

«Des milliers de personnes prisent en otage chaque matin pour se rendre au travail...»

C'est là que l'esprit s'éclaire! Le transport en commun n'est pas, selon la doctrine nouvelle, une affaire de rails et de pneus. C'est un levier politique. Imaginez un instant: si l'on cessait de fournir le pain, la viande, ou même les perruques poudrées, la populace se soulèverait en une heure. Mais qu'on lui ôte le moyen de se rendre à sa besogne, et elle doit se contenter d'un soupir résigné en consultant l'horaire affiché... par dérision. C'est de la belle marde!

Il est d'une Beauté presque tragique d'observer le ballet des malheureux. Celui-ci, manquant son rendez-vous capital chez l’oncologue; cet autre, voyant sa petite boutique sombrer faute de clients que le Bus refusait de livrer; celui-là enfin, le pauvre travailleur forcé de verser son maigre écot dans l'escarcelle du Taximètre. C'est la redistribution de la Misère, orchestrée par l'Inflexible Droit de Grève!

L'Apologie du Piéton Modeste: Le Gros Luxe

Et parlons de ce citoyen dont l'unique richesse est son salaire minimum, cette somme dérisoire dont l'État nous assure qu'elle est un Viatique suffisant. Ah! Quelle occasion de lui démontrer les joies du luxe que lui offrent la Négociation! On n'a rien vu encore!


L'Employé(e) de la Pâtisserie, qui doit commencer à l'heure où les hiboux rentrent, se voit offrir le noble choix de:
  • Marcher une heure et demie dans la poudrerie, arrivant avec des engelures et un quart d'heure de retard, ce qui lui vaudra une réprimande méritée. «T'es en r'tard !» Bravo!
  • S'offrir un Taxi (ou ce nouveau carrosse à application, l'Uber). Quelle magnificence! Une course de vingt dollars pour une paie horaire de quinze! Une heure de travail qui s'évanouit dans le luxe éphémère d'une banquette arrière. Quelle prodigalité! C'est de l'argent de poche, pour ceux qui vivent sur le bras de leur mère, ça!
  • L'Étudiant(e), qui cumule deux emplois de misère pour payer son loyer exorbitant, n'a plus qu'à admirer la vue des rues bloquées. Que ne s'est-il/elle acheté une automobile? Quel manque de prévoyance de sa part! Son budget pour le transport, calculé au centime près, est désormais un festin pour les compagnies de véhicules de luxe, qui se frottent les mains de voir le prix des courses monter avec la frustration publique. Le surge à 3.5X, c'est pas donné! C'est le triomphe du marché libre, même si le marché est libre de glace et de dédain pour le Petit Peuple.

On nous assure que les Négociateurs et les Dirigeants sont les esprits les plus subtils du Royaume. Ils manient les millions et les articles de loi avec une aisance déconcertante. Mais à la fin, cher lecteur, la seule certitude est la suivante: ce ne sont point ces Illustres qui sentiront le froid cinglant en arpentant les trottoirs gelés. Ce sera, comme toujours, le monde ordinaire. Le pauvre salarié, dont le luxe suprême est un billet d'autobus, se voit contraint de choisir entre son travail et ses pieds. C'est plate en maudit!


Ô Sagesse du Canada! On a le droit de bloquer la circulation générale au nom d'un Salaire Particulier. On a le droit de paralyser la machine économique pour quelques virgules dans un Contrat. Et l'on appelle cela le Progrès. Moi, j'y vois une fable digne des plus grands conteurs, où la grenouille, voulant se faire aussi grosse que le bœuf, ne fait que crever le ventre du Bonheur public. Parce qu'à la fin, on s'en câlisse des négos, on veut juste un maudit autobus!


Retournons, s'il vous plaît, à la Raison simple et au Gros Bon Sens. Que l'on discute, oui. Mais que l'on roule, surtout, afin que le monde ordinaire n'ait pas à expier, dans la neige de Montréal et du Québec, les péchés de la Haute Négociation.

Lettre Ouverte au Public Captif: Nos pénibles excuses sincères et Syndicales 

Objet: Un p'tit mot sur le Dérangement Inévitable, pis la nécessité de R'négocier

Chers Usagers, chers Concitoyens, chers Amis du Bottin de Téléphone (vu que vous marchez beaucoup, vous avez le temps de l'étudier),

Le Syndicat des Ouvriers du Mouvement Essentiel (SOME) désire, en toute humilité et avec un zèle quasi-religieux, vous présenter nos excuses les plus profondes pour la situation actuelle. On comprend que c'est pas l'fun de se ramasser le nez dans la slush à cause d'une maudite grève. Ça, on le sait, on n'est pas tombés sur la tête!

On sait ben que vous êtes des milliers de braves gens, les ti-gars et les ti-filles du peuple, qui ne demandez qu'à vous rendre à votre job pour gagner votre chum de paille de salaire minimum. C'est clair que devoir marcher trois heures pour aller servir des cafés, ou payer un Uber qui vous coûte la moitié de votre shift, c'est chien en maudit.
 On est de tout cœur avec vous... Du haut de nos bureaux.

Voyez-vous, on est dans un bras de fer avec la Direction. Eux, ils sont chiches comme pas possible, des vrais avareux. Nous, on défend le Droit Sacré du travailleur de gagner un salaire décent pour s'acheter... ce que vous, vous ne pouvez pas vous payer parce que l'économie est au ralenti à cause de nous. C'est plate, mais c'est ça!

On le jure sur la tête de nos familles bien au chaud: C'est pas de gaieté de cœur qu'on vous fait chier. On est obligés de transformer un service essentiel en arme de négociation pour que nos membres puissent avoir un meilleur contrat. C'est ça, la démocratie syndicale, et c'est ben d'valeur que ça vous tombe sur la tête. On est pas mal pris, comprenez-vous?

Pensez-y un instant: on vous rend un immense service! On vous donne l'occasion de faire de l'exercice pour votre santé, de prendre l'air frais pour vos poumons, et surtout, de réfléchir à la noblesse de la Cause Ouvrière pendant que vous pêtez votre montre en arrivant en retard. Qui c'est qui est le plus généreux, hein?

Dès que la Direction aura mis de l'eau dans son vin (et des sous dans nos poches, surtout), le service reprendra. D'ici là, accrochez-vous! On vous remercie de votre compréhension indéfectible et on vous souhaite de ne pas trop casser la margoulette sur la glace. Gros merci pour votre patience!

Sincèrement (et Stratégiquement) Vôtre,
Le SOME (Syndicat qui s'Excuse pour Mieux Gagner)

P.S.: Si vous avez un vieux skidoo qui traîne, c'est le temps de le sortir! Faut être débrouillard, voyons donc! Et si jamais vous voyez un de nos autobus, faites-nous un ti-salut! C'est le fun se faire des amis!

La Comptine Cruelle du Marcheur Forcé 

Quand le Syndicat veut un gros chèque,
Le ti-peuple crie à l'échec.
Le Bus reste parké au dépôt,
Pour toi, la rue, c'est ton nouveau show!

Tu mets tes bottes, tes mitaines trouées,
Ta passe de bus est bien scrapée.
Pour le salaire, juste un ti-peu plus haut,
Faut que tu marches, même si t'as le gros bobo!

Le Uber y demande vingt piastres,
Toi, t'as mangé juste des toasts.
Ton boss il dit: «T'es en retard!
Ton ti-bus, c'est pas mon affaire l!»

Alors tu pars, le nez dans l'vent,
Le pied qui glisse, c'est épuisant.
Pendant que l'négociateur boit son café,
Toi, ton destin, c'est de suer pour avancer.

«On est solidaires!» crie le Syndicat,
Mais toi, tu penses: «Câlice, arrêtez ça !»
Marche, marche, mon ti-ami patient,
Ta seule paie, c'est l'air ambiant!



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