L'Art sublime de l'indifférence : Quand vos petits-enfants seront rôtis, je serai parti.e!

 Par Suzy Wong

«Arrêtez-moi de m’achaler avec l'effet de serre, le bouleversement climatique, j’en ai assez pis de toute façon je m’en câlisse ben raide. Quand je vais mourir, je m’en sacre ben que le reste du monde crève aussi!»

Ah, quel souffle de fraîcheur et de sagesse intergénérationnelle! Enfin, quelqu'un qui a pigé le truc: Après moi, le déluge (littéralement, si on continue comme ça!). Cette philosophie du «Je m'en torche avec une pelle à barbecue» est si... libératrice. Pourquoi s'en faire pour la survie de l'espèce quand on peut s'assurer que sa propre petite fin de vie soit maximale en confort et en gaz à effet de serre?

Ce mépris absolu pour tous ceux qui auront la mauvaise idée de nous survivre sur la planète que nous aurons joyeusement sabotée est, disons-le, d'une élégance rare. Ça me ravage le cœur! Voir ce niveau de générosité et de préoccupation pour l'avenir me donne envie de me faire un bain moussant avec de l'eau chauffée au diesel pour célébrer.

Je pensais naïvement que vouloir un environnement sain pour nos enfants (mais pas ceux de la dame, visiblement, elle a eu la brillante idée de ne pas créer de victimes potentielles), leurs petits-enfants, et tous les autres qui suivront jusqu'à ce que la Terre devienne un magnifique désert de goudron... je pensais que c'était le souhait de tous. Mais non! En jasant avec mon voisinage, j'ai découvert qu'il y en a qui compostent et recyclent, mais seulement parce qu'ils sont devenus grands-parents. L'éveil écologique, c'est comme le syndrome du nid vide: ça arrive quand on réalise qu'on a vraiment besoin d'un héritage où planter des fleurs, même si on doit le faire dans de la terre qui sent le pneu brûlé.

La dame Octogénaire et son bilan Carbone héroïque

À cette dame mi-octogénaire qui se moque éperdument des autres, ou qui a l'honnêteté brutale d'avouer qu'elle refuse de faire le moindre effort pour un meilleur bilan écologique... je m'en désole. Sincèrement.
Imaginez l'effort! Éteindre une lumière? Quelle torture! Marcher deux coins de rue? Impensable! Elle mérite une médaille d'or dans la catégorie «Contribution maximale à l'Apocalypse Chaleureuse». Elle doit avoir une empreinte écologique qui ressemble à la trace de pneu d'un Hummer sur un champ de fleurs.
Par chance, ce discours n'est pas celui de tout le monde, sinon mon fils de 15 ans n'atteindrait pas soixante printemps. Il célébrerait plutôt ses 60 ans en combinaison de plongée sur la banquise de ce qui était autrefois son salon.

Heureusement, face à cette dame sinistre (mais ô combien cohérente dans son égoïsme), une autre voisine a eu cette riposte géniale:

«Tu sais, la planète existe depuis des milliards d'années et va sûrement continuer d'exister malgré notre insouciance vis-à-vis elle. Cependant, elle va continuer sans nous parce que nous ne serons plus en mesure de vivre dessus! Moi, ce n'est pas le legs que je veux donner à ma descendance...»

C'est ça, madame! La Terre va juste s'en faire une autre, une belle boule de magma toute propre, et nous, on sera réduits à de la poussière de micro-plastique dans le vent. Superbe héritage!

Les 10 Sacrifices héroïques pour le climat (Préparez-vous à souffrir)

Pour le bénéfice des faibles qui tiennent à ce que l'humanité ait encore un toit, voici la liste des 10 petites tortures quotidiennes (Source: Nations unies, ces grands plaisantins):

1. Changer une ampoule. Mon Dieu, la violence! Les ampoules basse consommation durent huit fois plus longtemps! Cela veut dire huit fois plus de temps avant de pouvoir allumer une belle vieille ampoule à incandescence qui brûle bien les doigts.
2. Éteindre la lumière. L'obscurité, l'horreur! 30 minutes d'éclairage inutile par jour, c'est l'équivalent de 5 jours d'éclairage en continu. C'est dommage, ce serait un beau fond sonore pour les fins de semaine.
3. Débrancher le grille-pain. Un ordinateur en veille, c'est 40% de la conso en marche! Votre facture est lourde? Pauvre vous! C'est un petit prix à payer pour que l'ordinateur soit prêt 0,5 seconde plus tôt!
4. Baisser le chauffage. Passer de 20 Celsius à 19 Celsius? 7% d'énergie économisée? Quoi, on doit s'habiller avec un pull à l'intérieur? C'est de la tyrannie!
5. Se sentir coupable en googlant. Une recherche, c'est 10 kilos de CO2 par an! Quand vous cherchez «robe de bal pour caniche», vous contribuez activement à la fin du monde. Bravo.
6. Fermer le robinet qui goutte. 120 litres par jour gaspillés? Non, c'est un mini-massage aquatique pour le drain, vous n'avez rien compris.
7. Prendre le métro. 14 fois moins d'énergie qu'une voiture! Oui, mais vous devez parler à des gens! Le prix du confort, c'est d'être seul dans son VUS en 4/4.
8. Recycler. L'incinération équivaut aux émissions de 2,3 millions de voitures! Quel gâchis! On pourrait s'en faire un beau feu de joie!
9. Utiliser moins de papier. C'est à cause de vous qu'on n'aura plus de forêts. C'est là qu'on ira faire nos futurs barbecues géants quand la Terre sera trop chaude.
10. Manger une salade. Moins de protéines animales! Des légumes de saison! Finies les belles côtes de bœuf argentines en plein hiver. Le sacrifice est insoutenable.

Mes résolutions: Le Top 7 de l'Éco-Guerrier cinglé

Moi, pendant ce temps, je fais de mon mieux pour compenser les efforts de la dame octogénaire.

• Le bœuf, c'est bio et nourri à l'herbe! Eh oui! Fini les vaches qui pètent dans les étables! Elles pètent dans les champs maintenant! Mais comme elles ont une meilleure qualité de vie, leurs pets sont plus éco-responsables. Logique.
• Je mange local. Je dois cuisiner différemment. Quel enfer ! Je me retrouve à manger des radis en janvier parce que la tomate a fait 12 000 km.
• Je lutte contre le suremballage. Je fais mon yaourt grec. Je mouds mon café (adieu les capsules qui vous font croire que vous êtes un barista!). Mon café a maintenant le goût amer de ma propre responsabilité.
• Je marche ou je prends l'autobus. Fini le luxe de l'auto! Je me retrouve à devoir parler aux voisins! Mais bon, ça me permet de montrer fièrement mon sac réutilisable.
• Je loue au lieu d'acheter. C'est con d'acheter des objets qu'on utilise que quelques minutes par an. Comme ma machine à hot-dogs pour chiens ou ma cravate de clown pour funérailles. Maintenant, je loue l'humiliation!
• Je compte chaque goutte d'eau. J'ai un pommeau de douche à bas débit et je prends des douches de 45 secondes en chantant Joyeux Anniversaire une seule fois. Mon bain? Il a l'épaisseur d'une feuille de papier.
• Je trie avec l'obsession d'un moine. Je pense aux 3 R: Réduire, Réutiliser, et Ré-Réduire (on ne sait jamais). Et oui, je compose grâce au bac brun de la ville de Laval, pour que mes restes de radis deviennent une terre meilleure pour les futurs radis.

Lecture et réseau pour les Ti-Counes qui veulent aider

Pour les jeunes (et les vieux qui ont un cœur, ce qui est rare, apparemment):

• Au secours! Mon empreinte pèse trop lourd! (Un beau livre pour que les enfants fassent de l'anxiété précoce face à leur future planète en feu.)
• Sais-tu que tu peux fêter Noël tout en respectant l’environnement? (Non, sérieusement, laissons-leur au moins Noël avec de gros cadeaux en plastique sur-emballés!)

Et pour finir, le RQGE, actif depuis 1982. Non, ce n'est pas un club de hippies fumeurs d'herbe ou d'intégristes fachos. C'est un regroupement d'organismes voués à la protection de l'environnement. Quel ennui! Allez voir leur mission (si vous avez le cœur assez robuste): https://rqge.qc.ca/mission/