Le ministre Roberge et son combat pour l'humanité
Par Suzy Wong
La grande croisade contre l'écriture inclusive
Ah, le ministre Roberge ! Quel homme ! C'est le genre de gars qui, quand le bateau coule, s'inquiète surtout de savoir si les rideaux de la cabine sont bien repassés. Pendant que nos écoles tombent en morceaux pis que les profs partent en claquant la porte, lui, il est sur un autre trip. Son Saint Graal, sa quête du siècle, c'est de trouver le mot maudit qui finisse par "e" entre parenthèses. Faut le faire, quand même !
Tu le vois tu ? Un soir de pleine lune, le ministre, avec une loupe et une petite lampe frontale, en train d'épier chaque communiqué de presse. Il lève le poing en l'air et crie : "Ah-ha ! J'ai trouvé un 'citoyen·ne' ! On va mettre fin à l'apocalypse linguistique !" Ça, pis pendant ce temps-là, y a une école qui a plus de papier cul que de crayons. Mais ça, c'est pas le vrai problème, non ! C'est la présence de l'écriture inclusive, qui, on le sait, est la cause de tous les maux de la société. C'est plus dangereux qu'un virus qui circule dans une école de 400 élèves !
Imagine, les profs, au lieu de s'arracher les cheveux sur le manque de ressources, ils pourraient se dire : "Au moins, le ministre a réglé le plus gros de nos problèmes. Je peux enfin dormir la nuit sans me soucier qu'un élève me dise 'professeure·s' !". C'est un peu comme si un médecin, au lieu de soigner une maladie mortelle, passait tout son temps à s'assurer que ses patients ne portent pas de chaussettes dépareillées.
C'est tellement rassurant de voir que nos dirigeants ont un sens des priorités aussi aiguisé. On peut dire qu'on est en maudites bonnes mains ! La culture est sauve, notre langue est protégée. Le reste, c'est juste des détails, tsé.
Un florilège de phrases inclusives
- Le.a.s chef.fe.s d'équipe et toustes les autres personnes qui ont une autorité quelconque sur qui que ce soit sont prié.es de faire preuve d'un peu plus de flexibilité. Par exemple, donnez-moi un congé.
- Le.a.s politicien.ne.s et toustes les autres qui n'ont rien à dire de pertinent, vous pouvez prendre la porte.
- Le Père Noël et son toustes de lutin.e.s s'affairent à préparer les cadeaux pour toustes les enfants sages.
- Salut les champion.ne.s et toustes les autres ! Qui veut une bière ?
- Mes ami.e.s et toustes les personnes non-binaires : je vous invite à ma soirée.
- En politique, on est tous et toustes et tout.e.s et toustes !
- Chère.s lect.eur.ice.s et toustes, vous avez 5 secondes pour lire cette phrase !
- Les élèves et toustes les autres personnes qui fréquentent notre école sont prié.es de ne pas crier 'Youppi !' dans les couloirs.
- Cher.e.s ami.e.s et toustes les êtres vivant.e.s qui n'ont pas encore compris que la terre est plate : venez me voir à la sortie.
- Moi-mêmex, je ne comprends pas pourquoi l'humanitéx a décidé de marcher sur deux pattes au lieu de quatre. C'est tellement plus efficace !
- Bonjour à toustes les zinzins ! La réunion du club des amateurs de cornichons commencera sous peu. Veuillez prendre place, et n'oubliez pas d'apporter votre pot.
Une drôle de guerre linguistique
Imaginez la scène : le ministre Roberge, avec son armée de fonctionnaires, qui part en croisade contre les « iel » et les « toustes ». C'est un peu comme si on s'inquiétait du fait qu'une mouche rentre dans la maison alors que la porte d'en arrière est grande ouverte et que des ours entrent et sortent comme ils veulent.Dans les communications du gouvernement, tu peux lire des affaires comme : « Le team a briefé le patron sur le planning du projet » au lieu de dire « L'équipe a fait un exposé au patron sur la planification du projet ». Mais ça, y a pas de problème ! L'anglais, c'est comme un ami de la famille, on lui pardonne tout. Par contre, un petit mot inclusif qui dérange personne, ça, c'est l'ennemi juré, le diable en personne !
On dirait que le but, c'est de s'assurer que notre langue reste pure... mais seulement pour les mots qui sortent des nouvelles tendances. Les fautes de français traditionnelles? Celles-là, on les laisse passer, on les aiment, c'est notre patrimoine !
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