Les irrédentistes : Des nostalgiques avec des tanks
Par Suzy Wong
Inspirée par @DenisDot@plus.qlub.social
Ah, l'irrédentisme russe. Un nom savant pour un concept tout simple : "Tout ce qui a déjà été à nous... est toujours à nous". C'est un peu comme si votre ex, des années après la rupture, débarquait à votre mariage, furieux, en hurlant que le bouquet de la mariée lui revient de droit parce qu'il vous l'avait offert en 1998. C'est absurde, mais il est là, avec une Kalachnikov et un regard de braise.
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Caricature parue dans le Wall Street Journal, 3/20222 |
Pour la Russie, ce n'est pas de l'invasion, c'est de la réunification. Un retour aux sources forcé, une sorte de réunion de famille où l'on ne demande pas l'avis des invités. Le cousin ukrainien, qui a eu le malheur de vouloir vivre sa vie de son côté, se retrouve soudainement sur la table d'opération, avec des "chirurgiens" russes qui veulent lui greffer un bout de la mère-patrie. Sans anesthésie, bien sûr. C'est une opération délicate. Et douloureuse.
Et les fameuses "atrocités" ? Ce sont juste des "dommages collatéraux" sur l'autel de la nostalgie impériale. On ne fait pas une omelette sans casser des œufs, et on ne restaure pas un empire sans faire un peu de ménage dans le voisinage. Les bombes sur les civils, les villes en ruines, ce sont les pincées de sel et de poivre qui donnent du goût à la grande histoire russe. Un petit prix à payer pour l'amour éternel de la grande Russie. C'est ça, la beauté de l'irrédentisme : c'est l'art de justifier l'injustifiable avec le drapeau et la religion. C'est à la fois tragique et d'un humour noir sidérant.
Pour comprendre l'irrédentisme russe, il faut bien saisir que ce n'est pas une vulgaire annexion. C'est un peu comme si, au milieu de la nuit, votre oncle un peu trop éméché venait vous expliquer que la moitié de votre jardin lui appartient, car son grand-père y a enterré un vieux pot de confiture. Sauf qu'à la place de la pelle, il a un tank. Et à la place du jardin, c'est un pays souverain.
La Crimée : Le retour du fils prodige
En 2014, la Russie a soudainement eu une crise de nostalgie pour la Crimée. La péninsule, après avoir passé des décennies en Ukraine, a été "rapatriée" avec un enthousiasme... unilatéral. La justification ? La population est majoritairement russophone. C'est l'argument suprême. C'est comme si je décidais de devenir propriétaire de l'Espagne parce que j'y parle couramment la langue. Il y a un référendum, bien sûr, avec un résultat sans surprise et une rapidité qui ferait pâlir d'envie n'importe quelle démocratie. Une belle histoire de famille retrouvée, les chars en moins.
Le Donbass : La défense des "compatriotes"
Dans la région du Donbass, la Russie ne mène pas une guerre. Oh non. Elle mène une opération de "protection". Elle aide les populations russophones à se défendre de... des Ukrainiens. Pour ce faire, elle leur fournit des armes, des soldats et de l'entraînement, tout en jurant que ce ne sont que des "volontaires" partis en vacances. C'est un peu comme si votre voisin venait vous aider à "protéger" votre maison des cambrioleurs en y entrant par effraction et en prenant le contrôle de votre cuisine.
L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud : La protection qui n'en finit pas
La Géorgie, en 2008, a eu droit à sa propre leçon de "protection" à la russe. Deux de ses régions, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, ont été "libérées" du joug géorgien grâce à une intervention éclair. Le raisonnement était toujours le même : il fallait protéger les citoyens russes qui y vivaient. Aujourd'hui, ces régions sont des États indépendants... selon la Russie. En clair, ce sont des bases militaires permanentes sur le territoire géorgien. C'est une sorte de "grand frère" qui ne vous lâche jamais la main.
En somme, l'irrédentisme russe, c'est la version internationale de l'expression "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent." Sauf qu'ici, ce sont les bombes qui font office de signature.
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