Le sommet de l'Alaska : quand la diplomatie se résume à une conversation stérile
Par Suzy Wong
À en croire le spectacle qui s’est joué dans la brise glaciale d'Anchorage, en Alaska, la victoire diplomatique revient incontestablement à celui qui est le plus doué pour le théâtre de l'absurde. Vladimir Poutine, le maître du poker face, peut se frotter les mains. Il est reparti d'Alaska avec la certitude que l'art de la guerre est supplanté par l'art du bluff.
Au programme de cette rencontre "très productive" et "constructive", on a pu assister à une démonstration magistrale de l'art de la non-communication. Tandis que le monde entier attendait, le cœur serré, une entente pour un cessez-le-feu en Ukraine, les deux hommes d'État, deux génies de la rhétorique, ont préféré discuter de sujets d’une importance capitale. Peut-être ont-ils comparé leurs collections de montres, ou débattu de l'efficacité de la cire à moustaches.
Donald Trump, qui, quelques heures plus tôt, jurait de ne pas se laisser marcher sur les pieds, est rentré au pays avec une déclaration qui aurait fait pâlir un caméléon d'envie. Après avoir menacé Poutine de « conséquences très graves », il a tranquillement déclaré qu’il ne « pensait pas » devoir songer à des mesures immédiates. Un changement de ton digne d'un grand maître de la diplomatie.
Paix en Ukraine : Trump demande aux victimes de faire le premier pas
Et que dire de la révélation choc du président américain sur la chaîne Fox News? Il a affirmé qu'un accord pour mettre fin à la guerre « dépendait vraiment du président ukrainien ». Ah! La voilà, la solution! Après des mois de guerre, de souffrance, de destruction, tout le monde attendait l'accord des superpuissances. Mais non, c'est au président ukrainien que revient la responsabilité de la paix. C'est comme si, lors d'une bagarre entre deux personnes, le médiateur demandait à celui qui reçoit les coups de se calmer.
En fin de compte, la rencontre a été « productive » et « constructive » non pas pour la paix en Ukraine, mais pour la tranquillité d'esprit de la Russie. Un succès retentissant pour Poutine, qui a réussi à transformer la "menace" de la diplomatie en une simple conversation de salon.
Un véritable triomphe.
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