Donald "Moi-Même" Trump : Quand la Grosse Tête menace la planète

 Par Suzy Wong

Narcisse 


Donald Trump : Le Narcisse Absolu et l'Art de la Catastrophe

Ah, Donald J. Trump ! L'homme, la légende, le miroir le plus efficace de notre époque. On dit que le narcissisme, c'est un péché, mais pour Donald, c'est clairement un art de vivre, une discipline olympique où il rafle toutes les médailles (en or pur, bien sûr, gravées de son profil). Quand Narcisse est tombé en amour avec son reflet, il n'avait clairement pas encore vu une convention républicaine trumpienne. Parce que face à la magnificence orange et dorée, même le pauvre jeune Grec se serait senti un peu plate, voire carrément pas d'allure.

Prenez, par exemple, sa coiffure. Certains hommes ont des cheveux ; Donald, lui, possède une entité capillaire autonome, un chef-d'œuvre architectural qui défie les lois de la gravité et du bon goût. C'est plus qu'une coupe, c'est une déclaration : "Je suis ici, je suis foufoune, pis mon brushing est plus important que la balance commerciale." On imagine aisément des réunions de crise à la Maison Blanche où le point le plus pressant à l'ordre du jour n'était pas la diplomatie internationale, mais l'angle parfait pour le balayage latéral de sa mèche rebelle. On a l'impression que même le soleil se lève et se couche en fonction de l'éclat de ses mèches.

Et que dire de ses adjectifs ? Tout est "le meilleur", "le plus grand", "incroyable", "phénoménal". Quand Donald parle d'un événement, c'est jamais juste un événement ; c'est le "plus grand rassemblement de tous les temps", même si la foule tient sur un terrain de basketball. Chaque discours est une ode à lui-même, entrelacée de digressions sur ses propres réussites, ses propres intuitions géniales, pis les "très, très bonnes personnes" qu'il est, bien sûr, entouré. C'est à se demander s'il n'y a pas un panneau "Attention : Égo en expansion" accroché à sa nuque. Comparé à lui, le bon vieux Benito Mussolini, avec ses discours ampoulés sur la grandeur de l'Italie, passerait presque pour un modèle de modestie. Au moins, Benito avait l'excuse d'une mâchoire volontaire, alors que Donald a juste... Donald.

Le summum, peut-être, c'est sa relation avec les faits. Pour beaucoup, les faits sont des informations concrètes. Pour Donald, ce sont des suggestions, des concepts malléables à la lumière de sa grandeur personnelle. Si un fait ne correspond pas à l'image qu'il a de lui-même, c'est pas le fait qui est faux, c'est vous qui avez mal compris, ou l'information est de la "fake news" concoctée par des gens "très méchants". Après tout, pourquoi s'embarrasser de la réalité quand on peut créer sa propre version où on est toujours le héros incontesté ? C'est la version politique du solipsisme, mais avec des ogives nucléaires en arrière-plan.

Puis il y a les surnoms. "Petit Marco", "Ted le Menteur", "Hillary l'Escroc"... Il s'agit pas seulement de dénigrer ses adversaires, mais aussi de se rehausser par contraste. C'est la version adulte du "Celui qui dit c'est celui qui est", mais avec un budget de campagne faramineux et un compte Twitter illimité. Chaque attaque est une preuve supplémentaire de son génie stratégique, de sa capacité à démasquer les imposteurs, et, bien sûr, de son propre statut immaculé. Même Kanye West, dans ses moments les plus égocentriques, semble hésiter un instant avant de déclarer qu'il est la réincarnation de Jésus. Donald, lui, aurait probablement juste dit qu'il était un meilleur Jésus.

Quand l'égo menace la planète : La Comédie Noire continue

En fin de compte, le narcissisme de Donald Trump, c'est une comédie involontaire à grande échelle. C'est un spectacle quotidien où le personnage principal est tellement convaincu de sa propre perfection qu'il en devient une caricature hilarante. Mais derrière le rire, y'a une ombre plus sombre qui plane.

Parce que si le narcissisme peut être amusant chez une star de télé-réalité ou même chez un dictateur excentrique comme Kim Jong-un qui fait décorer les boulangeries à son effigie, ça prend une tout autre dimension quand l'individu en question a le doigt sur le bouton nucléaire ou la capacité d'influencer des millions de personnes. Le problème avec un égo démesuré, c'est qu'il ne tolère pas la contradiction, l'échec ou même les avis qui divergent. Dans un monde de plus en plus volatile, où les crises se succèdent et les décisions ont des répercussions globales, avoir à la tête d'une puissance mondiale un leader qui place son image et sa gloire personnelle avant toute autre considération, c'est comme confier le volant d'un supertanker à un petit ti-cul de cinq ans convaincu d'être un pilote de Formule 1.

Un dirigeant narcissique est moins enclin à reconnaître ses erreurs, à écouter les experts ou à faire des compromis, des qualités pourtant essentielles pour naviguer dans les eaux troubles de la géopolitique. Ses décisions risquent d'être dictées par le besoin de paraître fort, de "gagner" à tout prix, même si la victoire est purement symbolique et a des conséquences désastreuses pour le reste du monde. Que ce soit en défiant des alliances établies, en déclenchant des guerres commerciales, ou en minimisant des menaces existentielles comme le changement climatique ou les pandémies, le risque est que la réalité se plie au récit personnel de sa propre grandeur, plutôt que l'inverse. C'est un peu comme si Néron avait incendié Rome pour prouver que ses talents de pompier étaient "les meilleurs, les plus grands".

Alors oui, on peut rire de la coiffure et des superlatifs. Mais quand l'humour s'estompe, on se rend compte que ce narcissisme exacerbé n'est pas seulement un trait de caractère amusant, c'est potentiellement l'un des plus grands facteurs d'instabilité mondiale à l'heure actuelle. Et à ce moment-là, le miroir lui renverra probablement : "Absolument, Donald. Absolument. Pis le monde est à tes pieds, peu importe le chaos." Après tout, quand tu es le seul homme sur Terre à pouvoir te regarder dans le miroir sans cligner des yeux pendant des heures, qui a besoin d'un plan B ?

Dans ce théâtre de l'absurde à l'échelle planétaire, la seule question qui demeure est : le spectacle se termine-t-il par un rappel triomphal ou une apocalypse en mondovision ?


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