Deuil national: L'ultime diversion pour une cote de popularité en chute libre

 Par Suzy Wong

Ah, les funérailles nationales! C'est pas mal le trophée ultime, la Palme d'Or posthume qu'un gouvernement sort de son chapeau quand ça va mal à shop. Quand la cote de popularité du Premier ministre est plus basse que le fond d'une bière après un show d'Harmonium, qu'est-ce qu'on fait? On sort le grand jeu pour un grand disparu! C'est comme la fameuse botte secrète, le "j'ai mieux à vous offrir que des réponses sur le coût de la vie" du gouvernement.

La p'tite Magie du Deuil en Politique

Faut pas se leurrer, quand le peuple crie au scandale pour les listes d'attente à l'hôpital qui s'allongent plus que la file pour un show de l'OSM, ou quand les routes sont trouées comme un fromage suisse, quoi de mieux qu'une bonne vieille cérémonie bien sentie pour détourner l'attention? C'est l'équivalent politique de "Regardez l'oiseau!" pendant qu'on vous pique votre portefeuille. Pendant que tout le monde est absorbé par la tristesse nationale, les vrais problèmes prennent le bord, ni vu ni connu.

On pourrait imaginer des scénarios pas piqués des vers, purement hypothétiques, bien sûr! Comme le Cas du P'tit Nouveau qui "Découvre" l'Art: un gouvernement qui flotte dans les sondages comme une mouche dans un verre de lait, en plein scandale de dépenses douteuses, se tourne soudainement vers un artiste vénéré, décédé il y a six mois et dont les œuvres étaient plus collectionnées par les hipsters en marge que par le grand public. Soudain, ce personnage devient le "génie incompris" que la nation se doit d'honorer avec des funérailles qui feraient pâlir le couronnement de la Reine d'Angleterre. La télé nous rejoue ses plus grands succès, et le Premier ministre cite ses textes, même s'il vient de les googliser cinq minutes avant d'ouvrir la bouche.

Ou encore, le Scientifique "Sorti du Placard": un gouvernement qui gère la crise de l'environnement comme un éléphant dans un magasin de porcelaine décide, du jour au lendemain, d'offrir des funérailles nationales à un chercheur en algues marines décédé il y a un an et dont personne ne se souvenait. Mais qu'importe! Il suffit de marteler que "ses découvertes ont illuminé notre avenir" pour justifier le défilé de chars officiels et les hommages à la saveur de sirop d'érable. Ça aide pas mal à faire oublier les rapports accablants sur la pollution, n'est-ce pas?

Et n'oublions pas le Joueur de Hockey "Unificateur" (posthume): quand les divisions sociales sont plus creuses que les poches d'un étudiant après son loyer, et que le chômage atteint des sommets dignes d'une côte en Gaspésie, qui mieux qu'un ancien joueur de hockey, mort dans l'anonymat, pour rallier les troupes? On invente des discours sur son "courage inégalé" et sa "contribution à l'âme québécoise". Les drapeaux sont en berne, les animateurs de radio se transforment en philosophes du deuil, et la crise économique? Elle prend le banc des pénalités, le temps de quelques jours de gros titres larmoyants.

Serge Fiori: La Vraie Affaire, Lui!

Maintenant, parlons franchement: Serge Fiori, lui, il est dans une catégorie à part. Fiori, c'est pas n'importe qui, bon sang! C'est pas un artiste qu'on ressort du placard pour faire joli quand le vent tourne. Harmonium, c'est pas juste un groupe, c'est une religion pour bien des Québécois! Leurs tounes, c'est de la poésie pure, de la musique qui te rentre dedans et qui te colle à l'âme. Des albums comme Si on avait besoin d'une cinquième saison ou L'Heptade, c'est des classiques intemporels, des briques de notre patrimoine.

Fiori, c'est un poète, un mélodiste, un type qui a touché des millions de cœurs avec sa vulnérabilité et sa profondeur. Il a créé une ambiance, un feeling, un trip collectif qui résonne encore aujourd'hui. C'est le genre de funérailles nationales qui auraient du sens, même si le gouvernement était au top de sa popularité. Parce que son impact, il est pas artificiel; il est réel, il est senti, il est tissé serré dans le tissu de notre culture. Alors oui, la proposition pour Fiori, elle tombe peut-être à un moment opportun pour le gouvernement Legault, qui cherche sans doute un peu de chaleur humaine. Mais même si c'est teinté de cynisme politique pour d'autres cas, pour Serge Fiori, ça serait pas une pilule facile à avaler pour le peuple. Au contraire, ça serait une reconnaissance méritée pour un géant qui a vraiment marqué le Québec. Ça, c'est pas du réchauffé, c'est du patrimoine!

Ceux qui sont passés sous le radar (et qui auraient aussi mérité leur Palm d'Or posthume!)

Ah, la question qui tue! Au Québec, des géants, on en a eu en masse, des personnes qui ont marqué notre culture, notre identité, notre sport, et notre façon de penser, mais qui n'ont pas eu les funérailles nationales. C'est un peu comme si le gouvernement avait une liste secrète de "qui mérite vraiment" et qu'elle n'était pas toujours la même que celle du peuple.

  • René Angélil (1942-2016): Le mari, gérant et bâtisseur de la carrière de Céline Dion. Au-delà du bling-bling musical, c'était un homme d'affaires visionnaire qui a carrément bâti l'industrie du spectacle québécois sur la scène mondiale. Son impact a dépassé largement le show-business. (Il a eu un hommage national, c'est déjà ça, mais pas la totale!)
  • Michel Côté (1950-2023): Un monument! Que ce soit au théâtre (Broue), au cinéma (C.R.A.Z.Y., De père en flic) ou à la télé, il a incarné des personnages qui font partie de notre imaginaire collectif. Il nous a fait rire et pleurer en gang. Un homme profondément aimé du public qui aurait eu sa place au Panthéon des géants.
  •  Jean Lapointe (1935-2022): Humoriste, chanteur, acteur, et même sénateur! Un artiste complet qui a marqué l'humour québécois pendant des décennies. Ses chansons sont encore fredonnées, ses personnages culte. Il a touché tellement de monde et sa carrière a été d'une longévité impressionnante.

  •  Marcel Dubé (1930-2016): Un dramaturge dont l'œuvre est fondamentale pour le théâtre québécois. Ses pièces (Zone, Un simple soldat) ont dépeint avec une justesse troublante la société québécoise. Il a mis en scène nos bobos et nos joies, contribuant à forger notre identité théâtrale.
  • Victor-Lévy Beaulieu (1945-2025): Un écrivain prolifique, éditeur controversé mais essentiel. VLB a brassé la cage, défendu la langue et la culture québécoise avec passion et parfois avec la fureur d'un ouragan. C'est une figure intellectuelle marquante qui n'a laissé personne indifférent.
  • Marie-Claire Blais (1939-2021): Romancière de renommée internationale. Lauréate de tous les prix prestigieux, son œuvre est d'une profondeur et d'une richesse incroyable. Elle a exploré la complexité de l'âme humaine avec une plume unique et a porté la littérature québécoise très haut sur la scène mondiale.
  •  Claude Béland (1932-2019): Ancien président du Mouvement Desjardins, il a incarné une certaine vision de l'économie sociale et solidaire. Un homme intègre, influent, qui a défendu avec ferveur les intérêts des coopératives et des Québécois. Son influence a été majeure dans le domaine socio-économique.

La liste pourrait être encore plus longue, car le Québec regorge de personnalités exceptionnelles. La décision d'accorder ou non des funérailles nationales est toujours délicate, et comme vous le soulignez, elle peut parfois paraître subjective ou influencée par le contexte politique du moment. Mais il est clair que plusieurs de ces figures auraient eu toute la légitimité pour un tel honneur.

Alors, on en fait quoi de cette proposition pour Fiori? On applaudit, on se méfie, ou on fait juste écouter Dixie et on se dit que, pour Fiori, ça serait pas volé?


Commentaires

Messages les plus consultés