Quand la grève devient un art mural (et une facture pour nous!)
Par Suzy Wong
Ah, la grève dans la fonction publique! Tout un spectacle, pas vrai? Nos chers grévistes de la fonction publique se trouvent pas mal corrects en beurrant joyeusement nos murs, nos ambulances et même nos autos de police d'autocollants. Faut dire qu'ils ont un sacré sens de la déco urbaine, pis, soyons honnêtes, qui n'aime pas une petite touche de colle difficile à enlever sur un panneau tout neuf, une carrosserie reluisante ou même un véhicule d'urgence?
C'est une géniale idée artistique, n'est-ce pas? Chaque autocollant, c'est une œuvre éphémère, une ode à la liberté d'expression, dont le prix est, bien sûr, à la hauteur de son originalité. Et comme le contribuable a le sens du sacrifice pis les poches pleines, c'est avec une joie non dissimulée qu'on va payer le nettoyage pis les réparations. Après tout, qui sommes-nous pour se plaindre quand on nous offre une telle expérience culturelle?
Faut pas oublier que ces autocollants, c'est ben plus que des bouts de papier. C'est des manifestes silencieux, des cris d'alarme collés un peu partout, qui nous rappellent le dévouement de nos fonctionnaires à leur travail... pis à l'art du graffiti syndical. Pis si, par malheur, une couche de peinture s'en va avec l'autocollant, ou si une ambulance est stationnée pour un bon décapage, c'est juste un petit sacrifice pour la cause, hein?
Quand le sérieux prend le bord...
Par ailleurs, on se demande ben comment un policier, avec ses culottes d'armée pis son char tout pogné d'autocollants syndicaux, peut avoir l'air crédible quand il arrête quelqu'un pour du vandalisme. C'est le boutte de l'ironie, non? Imaginez un peu la scène : "Monsieur, vous avez graffigné cette propriété!" alors que sa propre auto a l'air d'un babillard post-it géant. Et que dire de l'ambulancier lui itou en culottes de clown, arrivant avec son véhicule transformé en panneau d'affichage, pour aller chercher une personne en fin de vie? C'est peut-être un peu moins sympathique, disons... disons que ça ajoute une touche de surréalisme à un moment déjà délicat. Mais l'important, c'est de faire passer le message, même si ça met la dignité pis le sérieux de côté. Après tout, l'argent public est là pour ça : financer les performances artistiques et les réparations imprévues qui en découlent. C'est ça, la beauté du service public à la québécoise!
Le même vieux disque rayé
Ah, l'éternel spectacle des grèves! C'est vrai, après des décennies de mécontentement perpétuel pis de murs joliment relookés d'autocollants (un peu comme nos trottoirs après une bordée de neige en plein mois de mars), on pourrait se demander si ces méthodes sont vraiment… efficaces. On a l'impression que le disque est rayé, pis que la mélodie de la protestation est devenue une sorte de musique de fond permanente, un peu comme la toune de l’année qu'on entend partout. Les problèmes, eux, ne font que s'accumuler, pendant que les négociations avancent au rythme d'un escargot sur la banquise.
Peut-être est-il temps de suggérer, avec une délicatesse non dissimulée (celle qu'on utilise pour dire à son oncle que sa blague sur les poutines est un peu... redondante), que la créativité débordante déployée pour décorer nos biens publics pourrait être canalisée vers des avenues plus... productives? Au lieu de transformer les ambulances en tableaux abstraits pis les policiers en artistes de rue involontaires, on pourrait peut-être explorer des pistes de négociation qui ne nécessitent pas un budget de nettoyage post-grève digne d'une production hollywoodienne (parce qu'on a déjà payé assez cher pour les chantiers routiers qui s'étirent sur des années, merci bien!).
Parce qu'au final, si l'objectif est d'améliorer les choses, force est de constater que ces tactiques de choc, aussi spectaculaires soient-elles, semblent juste entretenir un cycle sans fin de frustration pour tout le monde. On a l'impression de regarder la même série en boucle, sans jamais de nouvel épisode. N'est-il pas temps de changer d'approche pis de trouver des moyens de dialogue qui ne se terminent pas par une facture salée pour le contribuable et une énième manifestation? Parce qu'à force, on va finir par s'habituer aux autocollants pis les prendre pour de la tapisserie murale!
Les autocollants syndicaux : quand l'art de la grève fait jaser (sans juger le fond!)
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