Le Système de Santé Québécois : Plus Malade que Ses Patients

 Par Suzy Wong

Ah, ces jeunes pis ces femmes médecins !

Ah, la jeunesse éternelle et la délicatesse féminine ! Voilà enfin les vrais coupables du manque de services médicaux au Québec ! Pendant des années, on nous a bassiné les oreilles avec des histoires de manque de personnel, de budgets serrés, de réformes croches. Mais non, c'est ben plus simple que ça : ce sont les jeunes médecins qui, sans doute brûlés par leurs week-ends de TikTok pis de brunchs fancy, ne veulent plus travailler 80 heures par semaine comme dans le bon vieux temps. Pis les femmes médecins, parlons-en ! Elles osent avoir une vie en dehors de l'hôpital, s'occuper de leur famille, dormir ! C'est inadmissible, voyons ! Leur utérus, c'est clairement la cause de tous nos maux de ventre.

La faute à la paye... ou ben pas

Ensuite, y'a la question de la rémunération. Pendant des lustres, on a entendu nos bons vieux docteurs chialer sur leurs salaires de misère, à peine de quoi s'offrir un chalet secondaire pis une Porsche. « C'est la faute à la paye, c'est la faute à la paye ! », clamaient-ils en chœur. Mais voilà qu'une étude fouillée — sans doute menée par des individus qui n'ont pas encore compris le fonctionnement du monde réel — vient nous asséner une vérité dérangeante : non seulement la faible rémunération n'est pas la cause principale de la baisse des services, mais en plus, une hausse de la paye a provoqué… une baisse de la productivité ! C'est absolument génial ! On paie plus, on reçoit moins. C'est le principe même de l'efficacité, non ? On devrait p't'être les payer encore plus, juste pour voir si ça devient négatif. Imaginez : le médecin vous paierait pour ne pas vous soigner ! Le système idéal !

Pis là, le bouquet final, la cerise sur le sundae de la logique : cette diminution s'expliquerait par le fait qu'au-dessus d'une certaine rémunération – déjà élevée bien sûr, parce qu'il ne faudrait pas qu'ils manquent de quoi que ce soit – les médecins ne sont pas incités à travailler davantage, du moins pour les services directs à la population, souvent payés à l’acte. Ah ! Mais c'est une révélation ! On pensait naïvement que les professionnels de la santé étaient animés par un dévouement inconditionnel pis le serment d'Hippocrate. Mais non ! Dès qu'ils ont assez pour leur yacht pis leur collection de montres suisses, l'envie de soigner s'évanouit. C'est parfaitement compréhensible, après tout, qui voudrait travailler plus quand on peut simplement profiter de son argent durement gagné en ne faisant rien ?

Pis à tous ceux qui, avec une logique implacable, prétendent que le salariat pourrait mener à une baisse de productivité, on rétorque avec un soupir exaspéré : c'est difficile de voir comment on pourrait faire pire qu'entre 2006 et 2015 avec le paiement à l'acte ! Car oui, malgré ce système qui devait théoriquement les encourager à multiplier les consultations, on a visiblement atteint des sommets d'inefficacité. Donc, salariat ou pas, il semblerait que nos brillants praticiens aient un talent inné pour la sous-performance, peu importe le modèle de rémunération. C'est presque un art !

Le mystère du « trou noir » médical... pis la faute des dinosaures ?

Pis le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau de la lucidité : l'État, notre cher pis omniscient État, ne sait pas ce que font les médecins durant le quart de leur travail ! Un trou noir, carrément ! On les imagine bien, tapis dans l'ombre, en train de résoudre des équations complexes, de méditer sur le sens de la vie, ou p't'être, soyons fous, de jouer à Candy Crush. Pendant ce temps, les patients attendent, patientent, pis perdent leurs cheveux d'impatience. Mais rassurez-vous, ce n'est pas de leur faute, c'est le trou noir ! Un phénomène quantique incontrôlable qui absorbe le temps de travail des médecins.

Mais attendez ! Une autre théorie vient de surgir, celle-ci tellement évidente qu'on se demande pourquoi personne n'y a pensé plus tôt : notre système de santé, dont l'organisation date des années 70, n'est plus en mesure de répondre aux besoins actuels ! Sacrebleu ! Qui aurait cru qu'un système conçu à l'époque où les disques vinyles étaient à la mode pis où la télévision était en noir et blanc ne serait pas adapté à une population où les personnes âgées sont plus nombreuses, où les maladies chroniques se multiplient pis où les besoins en soins ne cessent d'augmenter ? C'est une révélation sidérante ! On croyait que le système était une sorte de vin millésimé qui se bonifiait avec le temps. Apparemment non. Il est juste vieux, pis il craque de partout. Mais ne vous inquiétez pas, on continuera à blâmer les jeunes médecins, les femmes médecins, leur paye pis leurs trous noirs. C'est tellement plus simple que d'admettre qu'il faudrait p't'être tout repenser.

En somme, cessons de chercher des solutions complexes. Le problème est limpide : les jeunes, les femmes, les riches, les trous noirs pis… l'âge ! Il suffit de ramener les médecins âgés et masculins, de baisser leurs salaires pour les forcer à travailler plus (mais pas trop, attention à l'effet inverse !), de brancher une lumière puissante dans les bureaux pour dissiper ce mystérieux quart de journée, pis de trouver une machine à remonter le temps pour moderniser ce système d'une autre époque. La médecine québécoise sera sauvée, c'est garanti ! (Sarcasme, au cas où ce ne serait pas évident).


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