Santé Québec présente : «La Patience», un spectacle en plusieurs actes, avec salles d'attente bondées et formulaires à profusion.

 Par Suzy Wong

Journal de Montréal


 La belle valse des médecins québécois, un ballet qui n'aurait rien à envier au Bolchoï ! Notre gouvernement, tel un chorégraphe de renom, a décidé de mettre de l'ordre dans cette danse effrénée entre le public et le privé. Finies les pirouettes impromptues, les entrechats sauvages, désormais, chaque mouvement sera scruté, analysé, approuvé par le grand maître Santé Québec.

Imaginez un peu : un médecin, tel un danseur étoile, s'approche du bureau de Santé Québec, son tutu de soie entre les mains, et demande : «Puis-je, ô grand maître, m'élancer vers la scène privée pour quelques représentations ?» Et le grand maître, après avoir consulté d'épais grimoires, répond : «Attendez, cher danseur, nous devons d'abord évaluer l'impact de votre absence sur le ballet public. Votre départ laissera-t-il un vide béant dans la section des entorses ? Les patients orphelins sauront-ils se remettre de votre absence ?»

Et pendant ce temps, les patients, tels des spectateurs impatients, attendent dans les salles d'attente, leurs billets à la main, espérant voir leur danseur préféré revenir sur scène. «Alors, Dr Dupont, votre escapade privée, c'est pour quand ?» demandent-ils. Et le médecin, l'œil brillant, répond : «Patience, chers spectateurs, patience. Le grand maître Santé Québec a ses raisons que la raison ignore.»

Mais ne nous méprenons pas, cette nouvelle mesure est un gage de stabilité pour notre ballet national. Fini le temps où les danseurs papillonnaient d'une scène à l'autre, laissant derrière eux des spectateurs orphelins. Désormais, chaque départ sera un événement planifié, une sorte de chorégraphie administrative où chaque pas est minutieusement calculé.

Et puis, soyons honnêtes, cela créera de nouveaux emplois ! Des cohortes de critiques de danse seront nécessaires pour analyser chaque demande, évaluer l'impact sur les spectateurs, et s'assurer que le ballet public ne souffre pas trop de ces départs temporaires. Une véritable armée de fonctionnaires, veillant au grain, pour que le spectacle continue, coûte que coûte.

Alors, levons nos verres à cette nouvelle ère de stabilité médicale ! Que chaque médecin devienne un danseur étoile, évoluant avec grâce et précision sous l'œil bienveillant de Santé Québec. Et que chaque patient, dans sa salle d'attente, apprenne la patience, cette vertu si chère à notre système de santé.

Alors, la prochaine fois que nous voyons une affaire tellement folle qu'on se demande si on n'a pas mangé trop de poutine, disons-nous que la réalité est le meilleur humoriste du monde. Pis que le poisson d'avril, ça dure toute l'année au Québec!

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