Pmurt à Rome : Business as Usual (et Requiem en prime)
Par Suzy Wong

INT. BASILIQUE SAINT-PIERRE - JOUR
La basilique est immense, pleine à craquer de gros bonnets du monde entier, tous avec une face de circonstance, plus ou moins sincère. Au premier rang, Pmurt, tiré à quatre épingles, mais avec une cravate rouge à faire mal aux yeux, est assis à côté de sa douce moitié, Ainalem, qui semble plus intéressée par les bibelots du plafond que par la messe.
Le cardinal, y lit un bout de texte en latin. Pmurt en profite pour zieuter son cellulaire en cachette en dessous du lutrin.
AINALEM (à voix basse)
Tu écris encore des tweets, Pmurt ?
PMURT (chuchotant)
Faut ben que je checke si mon dernier message sur les taxes douanières a pogné avec les Bolivariens Unis. Question de timing, tu comprends-tu ?
Soudain, un petit brouhaha se met à courir dans l'assemblée. Le président d'un pays de l'Est, un homme stoïque d'habitude, vient d'échapper un bâillement à réveiller les morts. Pmurt le regarde de travers.
PMURT (à Ainalem, l'air choqué)
T'as vu ça, Ainalem ? Un manque de respect total ! Pis c'est avec des épais de même que je dois « rencontrer » tantôt ? C'est pas fort, ça.
Un peu plus tard, pendant la communion, Pmurt s'avance vers l'autel d'un pas décidé. L'archevêque lui tend l'hostie. Pmurt la prend, la scrute attentivement, pis y murmure :
PMURT (à l'archevêque)
Intéressant votre affaire. C'est fait ici, j'imagine ? Nous autres, on a des producteurs de pain sans levain ben meilleurs dans mon coin. Peut-être une future entente commerciale ?
L'archevêque cligne des yeux, visiblement dérouté.
Après la cérémonie, dans le salon arrangé à la va-vite pour la réception, Pmurt tombe nez à nez avec la présidente d'un pays scandinave, qu'il avait traitée de «socialiste attardée » il y a pas longtemps. Elle lui tend la main avec un sourire plus froid qu'un igloo.
PRÉSIDENTE SCANDINAVE
Monsieur Pmurt. Quel plaisir de vous croiser dans ces circonstances... spirituelles.
PMURT (lui serrant la main comme s'il voulait la broyer)
Madame la Présidente ! Quel bonheur de vous voir en personne. Votre pays... ben intéressant pour ses forêts. On pourrait jaser des prix du bois d'œuvre, je crois.
PRÉSIDENTE SCANDINAVE, Neskirederf (son sourire se crispe un peu plus)
Bien sûr, Monsieur Pmurt. Après avoir honoré la mémoire du Saint-Père, peut-être ?
Pmurt hoche la tête, son regard errant déjà vers une table pleine de sandwichs. Ainalem soupire discrètement en s'éloignant pour admirer une statue.
VOIX OFF (ton de commentateur de National Geographic)
Dans la jungle de la diplomatie, même les rites les plus sacrés peuvent devenir des occasions de négociation. Pmurt, le mâle alpha, cherche toujours à agrandir son territoire, quitte à détonner dans le concert de la tristesse universelle. La suite à la prochaine émission... pis attachez votre tuque !
INT. BASILIQUE SAINT-PIERRE - JOUR (Pendant LA CÉRÉMONIE)
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JDM |
La basilique résonne des chants liturgiques. Pmurt et Yksnelez, le président ukrainien, sont assis côte à côte sur des fauteuils rouges pas tant imposants. Ils sont penchés l'un vers l'autre, leurs têtes se touchant presque, au grand dam des dignitaires qui savent tous que le président des États-uniens est un gros cave.
PMURT (chuchotant fébrilement)
...pis là, Yksnelez mon chum, faut pas lâcher le morceau sur les fertilisants. On a des stocks incroyables, une qualité... magnifico! Pis en échange, on pourrait peut-être... je dis bien peut-être... revoir légèrement nos tarifs sur la poutine instantanée pour vos troupes. Stratégique, tu vois ? Le moral des troupes, c'est important.
YKSNELEZ (chuchotant en retour, les yeux rivés sur l'autel)
Monsieur Pmurt, avec tout le respect que je vous dois (pas)... on est en pleine cérémonie. Et pour être franc, en ce moment, les fertilisants... ce n'est pas notre priorité numéro un. On a un autre genre de "produit" qui nous intéresserait davantage, si vous voyez ce que je veux dire... quelque chose qui fait « boum »!
PMURT (hochant la tête vigoureusement)
Ah ben oui ! Les feux d'artifice ! On en a des super beaux pour le 4 juillet. Des "méga-pétards" qui illumineraient n'importe quel... événement spécial. Mais pour ça, Yksnelez, faut que vous soyez ouverts à une entente sur nos fameuses « patates frites de la liberté ». C'est un enjeu de sécurité nationale, tu comprends. Pis c’est bon une poutine!
YKSNELEZ (laissant échapper un léger soupir)
Monsieur Pmurt, on parle de la sécurité de mon pays contre Poutine, pas de frites avec de la sauce brune pis du fromage…
PMURT (l'interrompant, les yeux brillants)
Mais les frites, Yksnelez, c'est la base ! L'énergie du peuple ! Sans bonnes frites, comment voulez-vous... (il mime une explosion avec ses mains) ...faire "boum" efficacement ? Pensez-y ! C'est une synergie incroyable !
Soudain, un archevêque corpulant se penche vers eux, un regard noir.
ARCHEVÊQUE (chuchotant d'une voix grave)
Silenzio! Questo è un luogo sacro!
PMURT (se redressant, l'air innocent)
Ah, scusi! On jasait juste de... paix et prospérité. C'est un peu ça le message, non ?
Yksnelez se masse les tempes discrètement. La caméra s'éloigne, laissant les deux hommes reprendre leur étrange conciliabule au milieu du recueillement général.
VOIX OFF (ton de commentateur de documentaire animalier)
Dans ce ballet diplomatique surréaliste, les priorités s'entremêlent avec une logique propre à Pmurt. Alors que le monde prie, lui négocie, convaincu que même les enjeux géopolitiques peuvent se résoudre avec une bonne dose de frites et quelques feux d'artifice bien placés. La suite de ce sommet improvisé promet encore son lot de surprises... et de malaises.
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