La Forteresse assiégée (par ses propres décisions)

 Par Suzy Wong


Personnages principaux :

 Le Président : Dlanod Pmurt. Un dirigeant excentrique et imprévisible, dont les décisions sont souvent basées sur des coups de tête, des rêves étranges ou la dernière chose qu'il a vue à la télévision. Il a un charme déconcertant et une capacité étonnante à retomber sur ses pieds, malgré le chaos qu'il provoque. Ses tweets matinaux sont légendaires (et redoutés).

 La Cheffe de Cabinet : Eisus Seliw. Une femme brillante et stoïque, constamment au bord de la crise de nerfs en essayant de contenir les dégâts causés par le Président Pmurt. Son sarcasme est son arme principale, et sa consommation de café est légendaire. Elle a une patience d'ange (ou presque).

La Secrétaire de Presse : Enilorak Ttivael. Une maîtresse de la pirouette verbale, capable de transformer les gaffes présidentielles les plus monumentales en déclarations stratégiques... ou du moins, d'essayer très fort. Elle transpire constamment sous la pression des médias et a un talent certain pour l'euphémisme créatif. Ses tentatives pour maintenir le récit sont souvent plus divertissantes que les événements eux-mêmes.

 Le Conseiller Spécial : Retep Orravan. Un arriviste ambitieux toujours plein de "bonnes idées" qui finissent généralement par aggraver la situation. Il est obsédé par les sondages, les réseaux sociaux et l'image du Président (telle qu'il la perçoit).

Titre de l'épisode : La Crise du Ketchup

Scène 1 : Le Bureau Ovale – Matin

Le Président Dlanod Pmurt est assis à son bureau, fixant avec une intensité suspecte un cheeseburger parfaitement préparé, avec des traces de ketchup dégoulinant sur le côté. Eisus Seliw entre, sa tasse de café matinale à la main, les cernes plus prononcées que d'habitude. Enilorak Ttivael la suit de près, tenant un vaporisateur d'eau qu'elle utilise occasionnellement sur son visage. Retep Orravan arrive en courant, son téléphone vibrant dans sa main.

Retep : Monsieur le Président ! Alerte rouge sur les réseaux sociaux ! Le hashtag #BurgerGate explose ! Les gens sont furieux !

Dlanod : (Sans quitter son cheeseburger des yeux) Furieux de quoi ? De la perfection de ce spécimen ? Regardez cette harmonie entre le fromage fondu et le steak juteux… C'est une symphonie de saveurs !

Eisus : (Prenant une longue gorgée de café) Laissez-moi deviner. Vous avez vu un reportage hier soir sur… la fabrication du ketchup étranger ? Un documentaire choquant sur les tomates transgéniques d'outre-mer ?

Dlanod : Pire, Eisus ! J'ai entendu dire… des murmures… que certains pays… (Il baisse la voix dramatiquement) … utilisent trop de sucre dans leur ketchup ! Trop de sucre ! C'est une insulte à la véritable essence du ketchup américain, ce condiment rouge et glorieux qui rend nos burgers… américains !

Enilorak : (Tentant une approche diplomatique) Monsieur le Président, je suis sûre que chaque pays a sa propre interprétation culinaire du ketchup. C'est une question de… diversité de goûts ! Certains préfèrent peut-être une touche plus sucrée…

Dlanod : Non, Enilorak ! C'est une question de principes ! Le ketchup américain est le meilleur, le plus équilibré, le plus… patriotique ! Et ces nations étrangères avec leur sirop de sucre déguisé en sauce tomate nous envahissent ! Nous devons agir ! Des droits de douane ! Des droits de douane massifs sur tout le ketchup importé !

Eisus : (Soupirant bruyamment) Monsieur le Président, nous avons déjà des différends commerciaux avec l'Italie pour leurs sauces marinara, avec la France pour leur moutarde… Vous voulez vraiment ajouter le ketchup à la liste ? Vous réalisez que le ketchup est une composante essentielle de nombreux échanges commerciaux ?

Dlanod : La survie de nos cheeseburgers est en jeu, Eisus ! La survie ! Retep, tweete ça immédiatement ! #KetchupKrisis #AmericaFirstBurgers #NoToSweetKetchup

Retep : Magnifique, Monsieur le Président ! Je lance immédiatement un sondage sur la préférence des Américains en matière de taux de sucre dans le ketchup. Nous pourrions même organiser un vote national !

Scène 2 : La Salle de Presse – Plus tard dans la journée

Enilorak Ttivael est au pupitre, son visage luisant légèrement malgré ses efforts pour rester calme. Les journalistes semblent partagés entre la confusion et l'amusement.

Journaliste 1 : Madame la Secrétaire de Presse, quelle est la justification de ces nouveaux droits de douane sur le ketchup étranger ? Y a-t-il des preuves d'une menace à l'industrie américaine du ketchup ?

Enilorak : (Prenant une profonde inspiration) Il s'agit d'une mesure stratégique visant à protéger l'intégrité de nos traditions culinaires. Le Président est fermement convaincu de la supériorité du ketchup américain et souhaite s'assurer que les consommateurs ne soient pas induits en erreur par des alternatives étrangères potentiellement… trop sucrées.

Journaliste 2 : Mais n'est-ce pas une décision excessive basée sur une préférence personnelle ? Le Président a-t-il une aversion particulière pour le ketchup sucré ?

Enilorak : (Évitant le contact visuel) Le Président fonde ses décisions sur une analyse approfondie des intérêts nationaux. Il est de son devoir de défendre ce qui est juste et… savoureux pour le peuple américain. Pensez-y comme une… une affirmation de notre identité gustative !

Journaliste 3 : Y a-t-il d'autres condiments étrangers dans le viseur du Président ? La mayonnaise française ? La sauce soja japonaise ?

Enilorak : (Sa voix tremble légèrement) Nous surveillons attentivement le marché des condiments internationaux. La priorité du Président est de garantir que les Américains aient accès aux meilleurs… aux meilleurs accompagnements possibles pour leurs… pour leurs aliments. Prochaine question, s'il vous plaît ?

Scène 3 : Le Bureau Ovale – Le lendemain matin

Le Président Pmurt est au téléphone, sa voix tonitruante. Eisus Seliw lit des dépêches d'agences de presse avec un air de résignation. Retep Orravan tapote nerveusement sur son téléphone.

Dlanod : (Au téléphone) Quoi ? Ils ripostent avec des taxes sur nos cornichons ? Nos magnifiques cornichons aigres-doux ? C'est une escalade ! Une véritable… guerre des accompagnements !

Eisus : (Sans lever les yeux) Je vous avais dit que le ketchup était une composante essentielle de nombreux échanges commerciaux. Les cornichons sont souvent inclus dans les mêmes accords.

Dlanod : (Raccrochant violemment) Ils vont le regretter amèrement ! Nous allons… nous allons taxer leurs… leurs… leurs moutardes aromatisées ! Oui ! Des droits de douane punitifs sur toutes les moutardes avec des herbes ou des épices ! Que vont-ils mettre sur leurs… leurs… leurs saucisses maintenant ? De la tristesse insipide ?

Retep : Monsieur le Président, l'opinion publique est… divisée. #KetchupKrisis a généré des débats passionnés sur le taux de sucre idéal dans le ketchup, mais la taxation des moutardes aromatisées est perçue par certains comme une attaque contre la liberté de choix en matière de condiments.

Enilorak : (Entrant, l'air au bord de l'épuisement) L'ambassadeur du pays du "ketchup trop sucré" demande une audience d'urgence. Il a apporté… un assortiment de leurs ketchups.

Dlanod : (Plissant le nez) Trop sucrés, j'en suis sûr. Dites-lui que je suis ouvert à une dégustation… mais qu'il ne s'attende pas à ce que mes papilles approuvent cette abomination sirupeuse ! Et qu'ils baissent leurs prix de ketchup immédiatement !

Eisus : (Se massant les tempes) Je crois que je vais avoir besoin d'un congé sabbatique. Dans un pays sans ketchup importé.

Scène 4 : Le Bureau Ovale – Quelques jours plus tard

Le Président Pmurt est assis à son bureau, goûtant prudemment une petite quantité de ketchup étranger sur le bout de son doigt. Eisus Seliw lit un communiqué, un air incrédule sur le visage. Enilorak Ttivael semble avoir retrouvé un semblant de couleur. Retep Orravan sourit triomphalement.

Retep : Monsieur le Président, les derniers sondages sont stupéfiants ! Votre cote de popularité chez les amateurs de cheeseburgers a bondi de 7% ! #KetchupKrisis a prouvé que vous êtes un leader qui n'a pas peur de défendre les valeurs gustatives américaines !

Dlanod : (Faisant la grimace) C'est… étonnamment sucré. Mais je ne le dirai jamais à haute voix. (À Eisus) Alors, quel est le statut de notre… différend sur le ketchup ?

Eisus : (Lisant le communiqué) Il semblerait que le pays du "ketchup trop sucré" ait accepté de réduire légèrement la teneur en sucre de son ketchup en échange d'une levée progressive de nos droits de douane… et d'une photo de vous mangeant un de leurs cheeseburgers (avec modération de ketchup) pour votre prochain post sur les réseaux sociaux.

Dlanod : (Indigné) Une photo de moi mangeant leur… leur… leur mixture sucrée ? Jamais ! Mais… (Il réfléchit un instant) … pour le bien de nos agriculteurs de cornichons… peut-être une petite bouchée stratégiquement cadrée. Enilorak, préparez la légende : "J'explore toutes les options de ketchup. L'Amérique d'abord, mais l'ouverture d'esprit aussi ! #BurgerDiplomacy"

Enilorak : (Avec un léger sourire) J'y travaille, Monsieur le Président.

Retep : Nous pourrions même organiser un sommet sur le ketchup ! Avec des dégustations à l'aveugle pour déterminer le taux de sucre préféré des Américains !

Eisus : (Se levant lentement) Je crois que je vais aller chercher une très grande portion de frites… avec du ketchup américain, bien sûr.

Fondu au noir.

Titre de l'épisode 2 : Pile ou face, la nouvelle méthode de décision présidentielle?

Scène 1 : SALLE DE PRESSE DU PALAIS PRÉSIDENTIEL -

ENILORAK se tient au pupitre, visiblement tendue, face à une meute de journalistes agités.

JOURNALISTE 1 : « Madame Ttivael, comment la Maison-Blanche commente-t-elle le tweet du Président comparant les négociations commerciales avec le Zimbabwé à une partie de Jenga avec des singes en colère? »

ENILORAK (Essuyant discrètement sa tempe avec un mouchoir) : « Eh bien, Neaj-Erreip, je pense que le Président utilisait une... analogie percutante pour illustrer la nature délicate et parfois imprévisible des pourparlers commerciaux internationaux. Il souhaitait souligner la nécessité d'une approche prudente et stratégique. »

JOURNALISTE 2: « Avec des singes en colère ? »

ENILORAK (Avec un sourire forcé) : « Le Président a un style... imagé. L'important est que les négociations progressent. Nous sommes optimistes quant à un résultat positif pour toutes les parties concernées. »

JOURNALISTE 3: « Madame Ttivael, est-il vrai que le Président a décidé de sa position sur le projet de loi sur l'environnement en se basant sur le résultat d'un lancer de pièce ? »

Enilorak jette un regard désespéré en coulisses, où EISUS la regarde avec un mélange de sympathie et d'exaspération.

ENILORAK (Prenant une profonde inspiration): « Ce que je peux vous dire, c'est que le Président prend toutes les décisions avec la plus grande considération pour le bien-être du peuple américain et l'avenir de notre planète. Sa méthode de délibération est... unique. »

JOURNALISTE 4 : « Unique comment, Madame Ttivael? Y avait-il face ou pile ? »

ENILORAK serre les dents et tente un autre sourire : « La beauté de la démocratie réside dans la diversité des approches... N'est-ce pas ? Prochaine question ? »


Titre de l'épisode 3 : Le portrait de la discorde

Scène 1 : INT. HALL D'ENTRÉE DU PALAIS PRÉSIDENTIEL - MATIN : LE PORTRAIT DE LA DISCORDE


EISUS dévale les marches du grand escalier, son timbale de café à la main, l'air déjà tanné. Elle pile net en voyant le mur où trônait jadis le portrait soporifique de Kcarab Amabo. À la place, y'a une espèce de peinture criarde, genre bande dessinée pas fine, avec un gars qui ressemble étrangement à Pmurt en train de lever le poing comme s'il voulait boxer l'air. Y'a même des taches rouges partout, on dirait du ketchup cheap.

EISUS (À son café, d'un ton désabusé): « Oh! C'est pas vrai. J'ai dû mettre trop de sucre dans mon café, ça me fait halluciner. »

ENILORAK TTIVAEL arrive à toute vitesse, son cellulaire collé à l'oreille, les yeux ronds comme des billes : « Eisus ! T'as vu la vidéo du compte "Z" ? C'est le bordel total ! Le web est en feu ! #AmaboOut #PoingDePmurtIn #ÇaC'estDeL'ArtMonOeil »

EISUS : « J'suis en train de me torturer à la regarder, Barry. On dirait une scène coupée d'un mauvais film de série B. Et c'est accroché... là. Juste là. »

RETER ORRAVAN entre en sautillant, un sourire de p'tit gars qui a volé des biscuits.

RETEP : « Hein que c'est quelque chose ? Le Président a du guts en maudit côté artistique ! C'est une déclaration forte, ça ! Un symbole de sa résilience face aux méchants! Ça va faire un tabac sur Insta !)

EISUS : « Retep, le monde entier ne voit pas un "symbole de résilience". Ils voient un manque de classe crasse pour un ancien président qu'on respectait. Les nouvelles parlent déjà de "sacrilège historique ».

RETEP: « Mais... l'engagement est au max ! Tout le monde en parle ! C'est une visibilité de malade pour le Palais Présidentiel ! »

EISUS (Se massant les tempes) : « La visibilité, c'est pas toujours bon, mon p'tit Retep. Surtout quand ça vient avec des comparaisons avec Néron qui repeinturait sa cabane pendant que Rome brûlait. »


Bientôt, peut-être une suite… ou pas! 



Commentaires

Messages les plus consultés