La haine ne tombe pas du ciel

D'une fille qui a grandi à Ste-Foy

«Nous n'acceptons pas cette haine», a dit d'emblée, hier, le premier ministre lors de la vigile de Québec. «Nous défendrons et protégerons toujours votre droit de vous rassembler et de prier, aujourd'hui et tous les jours».

Même si je n'aime par particulièment notre Premier ministre du Canada, je suis à 100% d'accord avec lui.  D'ailleurs, je suis très fière de son discours.   

À vous qui m'aviez dit de laisser une chance au coureur (il s’agit ici de Donald Trump) quand il est arrivé au pouvoir et que je n'en revenais pas, je vous l'avais dit qu'un président qui  prône la division plutôt que l’unité, ça nous apporterait rien de bon ! Lui et sa politique populiste ont engendré une énorme augmentation d'actes haineux aux États-Unis qui, aux jours d'aujourd'hui, nous donne cette tuerie par un québécois de souche ben frustré.  Oui !  Je le clame haut et fort: Donald Trump et sa bande de clowns ont une part de responsabilité dans cette tragédie survenue à Québec. Et pour en remettre, dans la journée de lundi, La Maison Blanche a continué de justifier ses politiques en citant notre tragédie. Eh oui !  Sean Spicer, le porte-parole a déclaré ceci :

 

 « C'est un rappel terrible de pourquoi nous devons rester vigilants. Et pourquoi le président prend des mesures pour être proactif, pas réactif. »

Sibole ! Ce sont exclusivement des gens musulmans qui ont été ciblés et c’est un « pure laine québécois » qui a perpétré ces assassinats.  Puis tant qu'à moi, le danger n'est pas nécessairement d'ailleurs.  La preuve est que même si on avait fermé les frontières, la tragédie d'hier aurait pareil eu lieu.  Calvaire !  Ce terroriste est né ici... mais ça, Sean Spicer a préféré l'omettre.

À vous qui m’aviez dit qu’il était important d’avoir encore ce foutu débat identitaire, je vous l’avais dit que ça allait finir par foutre la merde. Je tiens en partie responsables le PQ et la CAQ d’avoir déclenché chez un zinzin la violence de dimanche soir à Québec.  Puis à vous qui m'aviez dit que la radio de Québec était bien plus proche du peuple que celle de Montréal qui sonnait «l'ennui», je vous l'avais dit qu'elle propageait trop souvent des préjugés et la violence.  Je tiens en partie responsable les discours de Jeff Fillion et certains autres chroniqueurs dans les grands médias d'avoir attisé les extrémismes de toutes sortes.   

 

«On ne tue pas si on n’est pas radicalisé. On ne tue pas si on n’a pas des opinions radicales. On parle beaucoup de haine ce matin, mais qu’est-ce qui mène à la radicalisation? C’est un discours haineux»

À la question «Le tueur de dimanche soir, un extrémiste ?», c'était ce qu'a répondu M. Geoffroy, chercheur principal au Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux et la radicalisation (CEFIR), en entrevue à l’émission Mario Dumont sur les ondes de LCN.

Mais bien sûr, le vrai responsable de cet attentat de dimanche soir à Québec, c'est le gars qui a perpétré tous ces meurtres, qui a rendu dix enfants orphelins de père.  Mais ce gars-là que je n'ai pas envie de nommer (au cas où il voulait son moment de gloire), ce gars qui avait un mécontentement permanent contre la gauche et qui sacralisait Trump selon les dires de plusieurs, grâce à ce triste décret migratoire annoncé vendredi dernier par l'administration du nouveau président des États-Unis, ce pauvre con, malheureusement, s’est probablement senti investi d’une mission et a commis l'irréparable.  

Hier, a dit une femme sur la place de la Gare Jean-Talon à Montréal :

« La haine ne tombe pas du ciel. Elle prend racine dans un environnement politique et social qui l'arrose ».

En deux seules petites phrases, elle a tout dit ce que j'essaie ici de vous écrire.  Elle a raconté comment a pu se tramer un tel drame. 

Et avec une chanson splendide de John Lennon, celle-ci, je conserve l'espoir...

Suis-je une grande naïve ?