Silence, on tourne... le dos à la satire
Par Suzy Wong
Un humoriste ose faire une blague sur un décès tragique qui, selon certains, a été transformé en arme politique ? Silence radio ! On ne rit plus, on ne s'interroge plus, on s’agenouille devant l'autel de la "Révérence Forcée". La ligne rouge a été tracée, non pas par des terroristes, mais par des patrons de chaîne effrayés à l'idée de perdre leurs annonceurs.
C'est le nouveau rêve américain : un spectacle de marionnettes où les politiciens tirent les ficelles et où les humoristes, ces pestes anarchiques, sont censurés dès qu'ils s'éloignent du script. La comédie est devenue un champ de mines. Un mot de travers, et c'est l'explosion du politiquement correct qui vous envoie au chômage.
Heureusement, pour chaque Jimmy Kimmel qu'on envoie au pilori, une armée de défenseurs virtuels se lève, le poing levé, pour crier #JeSuisJimmy. Une belle preuve de solidarité. Mais une fois le vent des hashtags retombé, l’Amérique redeviendra ce qu’elle est vraiment : un pays où la plus grande blague de toutes, c'est de croire que le droit de dire n'importe quoi est encore plus sacré que le droit de ne pas être offensé.
En fin de compte, la plus grande performance comique de l'Amérique, c'est de nous faire croire qu'on est toujours le pays de la liberté. Et pour ça, personne n'a besoin d'une émission de fin de soirée. Le spectacle se joue 24 heures sur 24, et il est diffusé en direct depuis les coulisses du pouvoir.





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