Quand la Politique Devient un Monastère : Adieu l'Expérience !
Par Suzy Wong
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Suzy Wong |
Ah oui, bien sûr ! Parce que la politique, c'est bien connu, est un genre de monastère où l'on doit prononcer des vœux de pauvreté et de dénuement total avant de pouvoir prétendre à un poste. Je vois déjà la file d'attente : "Bonjour, je viens pour le poste de Premier ministre, j'ai tout vendu, ma maison est à la rue, mes bas sont troués et mon compte en banque affiche un zéro glorieux."
L'Expertise Financière, un Handicap pour Diriger le Pays ?
Franchement, l'idée que nos politiciens devraient se départir de tout ce qu'ils possèdent pour éviter le moindre soupçon de conflit d'intérêts... C'est presque aussi charmant que de demander à un poissonnier de ne jamais sentir le poisson. Si l'entrée en politique exigeait de devenir soudainement clochard, je crois qu'on aurait non seulement moins de candidats, mais surtout une sacrée brochette de gens sans aucune expérience de la vraie vie, ou des affaires, ou de quoi que ce soit qui ressemble à une existence normale avec un minimum de responsabilités financières.
La Curieuse Logique de M. Poilievre : Chassez les Compétents !
Et puis, parlons-en de ces premiers ministres des provinces et du Canada qui ont fait fortune avant d’être politiciens ! Il faut croire que le fait d'avoir une certaine réussite professionnelle ou financière disqualifie d'emblée une personne à servir le public. Après tout, quelqu'un qui a su créer de la richesse, gérer des entreprises ou investir avec succès ne pourrait jamais comprendre les défis quotidiens des gens ordinaires, n'est-ce pas ? C'est tellement plus réconfortant d'avoir un dirigeant qui découvre la vie en dehors de son bureau une fois au pouvoir.
Le cas de M. Carney, la nouvelle lubie de Poilievre
Mais là, c'est le pompon ! On apprend que Pierre Poilievre veut que Mark Carney vende tous les actifs de sa fiducie. Ben voyons donc ! Selon Poilievre, M. Carney serait « constamment distrait par ses intérêts personnels » s'il dirige le gouvernement. C'est à se demander comment M. Carney a pu diriger la Banque du Canada et la Banque d'Angleterre sans vendre sa chemise et ses petites culottes. Est-ce qu'on lui a jamais demandé de vendre sa maison pour prouver qu'il n'avait pas d'intérêts cachés quand il gérait l'économie de pays entiers ? Ça, c'est du beau grand n'importe quoi !
Poilievre a même précisé que les conservateurs proposeraient des amendements à la loi qui obligeraient la vente d’actifs, comme il le suggère pour M. Carney, rehaussant ainsi les exigences en matière de divulgation d’informations éthiques afin d’éviter les conflits. C'est quand même drôle que d'un coup, on devienne des moines cisterciens en entrant en politique, surtout quand on sait que bien des politiciens sont déjà à l'aise financièrement avant même de siéger. On dirait qu'on veut juste mettre des bâtons dans les roues à ceux qui ont eu du succès dans leur vie.
Politique et portefeuille : L'étrange croisade de Poilievre
Mais Poilievre a raison : s’il veut devenir premier ministre, on doit cesser d’attirer des personnes performantes de tous horizons – y compris celles ayant une expérience en affaires et accumulé richesse et actifs au cours de leur carrière –. Leur demander de liquider intégralement leurs investissements avant même de se présenter à une élection pourrait « décourager » l’intérêt pour le service civique, comme l'a si judicieusement souligné M. Stedman. Parce que franchement, qui voudrait troquer la gestion d'un portefeuille solide contre la gestion d'un pays, avec en prime l'obligation de se défaire de tout ce qu'on a bâti ? On ne voudrait surtout pas d'individus compétents, n'est-ce pas ? Ça ferait trop de dégâts dans le paysage politique actuel !
En fait, je suis même surprise qu'ils ne nous demandent pas déjà de vivre dans une grotte et de manger des racines pour prouver notre pureté d'intention. Parce que, vous savez, un politicien qui a un frigo plein, c'est forcément suspect, n'est-ce pas ? On risquerait de croire qu'il comprend un tant soit peu la réalité des gens qui travaillent et qui, eux aussi, aimeraient bien ne pas avoir à vendre leur âme pour joindre les deux bouts. C'est presque comme si l'expérience du monde réel, du marché du travail, de l'investissement et de la gestion de l'argent pouvait, étrangement, être un atout pour diriger une économie... Quelle idée farfelue !
Alors oui, la prochaine fois que quelqu'un suggérera au Premier ministre de tout vendre, je lui rappellerai qu'il n'est pas en train de postuler pour un rôle dans une pièce de théâtre sur la pauvreté volontaire, mais bien pour diriger un pays. Un pays avec des gens qui travaillent, qui paient des impôts, qui ont des factures à payer, et qui aimeraient que leurs dirigeants comprennent un tant soit peu ces réalités. Et pour ça, un peu de bon sens, et peut-être même un portefeuille bien rempli avant d'arriver au pouvoir, ça peut aider. Juste un petit peu.
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