L'état d'urgence, ce si bel outil démocratique. L’urgence, c’est lui!

 Par Suzy Wong 

Oh, la préoccupation totalement dénuée de sens de M. Kagan ! 

S'imaginer qu'un dirigeant politique – disons, quelqu'un qui a déjà si gentiment surnommé la presse "l'ennemie du peuple" ou qui a suggéré, avec une modestie touchante, de prolonger son séjour à la Maison-Blanche au-delà de quelques petites décennies – puisse jamais utiliser une bonne vieille crise pour s'accrocher au pouvoir comme un bernard-l'hermite à son rocher. Quelle absurdité rafraîchissante !

Quand la démocratie devient une suggestion : Le guide du parfait auto-dictateur.

Après tout, pourquoi un dirigeant déclarerait-il un état d'urgence nationale pour une "invasion" de gangs vénézuéliens qui n'existait que dans les esprits les plus... féconds en récits épiques ? 

Ce n'était clairement pas une répétition générale. Non, non, c'était juste pour le plaisir de vérifier si les imprimantes fonctionnaient correctement. Un peu comme un enfant curieux qui teste le bouton d'alarme incendie, mais à la différence près que les enjeux ici sont juste nos libertés civiles et le bon vieux document qu'on appelle la Constitution. Détail, détail.

Et quand ils seront réellement en guerre (c’est peut-être le cas, ça dépend si on demande à Vance ou si on demande à Trump!), contre un vrai pays, un pays que "beaucoup d'Américains craignent" (parce que la peur, c'est l'ingrédient secret d'une démocratie saine, n'est-ce pas ?), ce sera, bien sûr, le moment idéal pour ce leader charismatique de dévoiler son côté le plus doux et le plus scrupuleusement respectueux des institutions. Par exemple, au lieu d'ordonner l'arrestation des journalistes qui osent poser des questions "difficiles" sur la conduite de la guerre, il leur enverra des bouquets de fleurs et des boîtes de chocolats fins. Et plutôt que de déployer l'armée pour disperser les manifestations pacifiques contre la guerre, il offrira aux participants des smoothies détox et des cours de yoga pour apaiser leurs âmes tourmentées.

Franchement, M. Kagan ne saisit manifestement rien à la subtilité exquise de la politique moderne. Utiliser une guerre pour instaurer un contrôle dictatorial ? Quelle idée saugrenue, digne d'un film de science-fiction de série Z, pas de la magnifique réalité démocratique de notre voisin au sud. Leur leader, c'est évident, ne ferait jamais rien qui puisse, même de loin, ressembler à une prise de pouvoir autoritaire. Il est trop occupé à... à "rendre l'Amérique grande à nouveau", une restriction à la fois, et toujours dans le respect le plus scrupuleux des procédures. C'en est presque touchant de naïveté, n'est-ce pas ?

Et donc, la question brûlante qui nous tient tous en haleine, n'est-ce pas, c'est : tout ce scepticisme échevelé de M. Kagan, ces préoccupations alarmistes sur la dictature... ne sont-elles pas, au fond, qu'une immense perte de temps ? Car après tout, si ce leader a déjà démontré une telle maîtrise virtuose de la réalité alternative pour justifier ses actions passées, pourquoi diable s'arrêterait-il en si bon chemin ?

Les limites de mandat ? La Constitution ? Pffft. De simples suggestions, n'est-ce pas ? Des chiffons de papier que l'on peut toujours "réinterpréter" avec brio à la lumière d'une "crise nationale" sans précédent, ou d'une "menace existentielle" que seul ce visionnaire peut percevoir avec une clarté cristalline. Qui a besoin d'élections régulières quand ils ont un dirigeant qui incarne la volonté du peuple, jour après jour, jusqu'à l'extinction de sa propre flamme... ou, plus probablement, de celle de toute opposition ?

Alors oui, peut-être que M. Kagan a raison, d'une certaine manière. Mais non pas comme une mise en garde tragique, plutôt comme une prophétie joyeusement inévitable. Car avec une telle capacité à transformer le vide en urgence pressante et la dissidence en trahison pure et simple, il est fort probable que ce président parvienne à ses fins : non pas en défiant ouvertement la démocratie avec fracas, mais en la redéfinissant si subtilement, si constamment, que le "pouvoir dictatorial" deviendra simplement... le "pouvoir normal". Et il restera, bien sûr, président jusqu'à ce que mort s'ensuive. Non pas par un coup d'état vulgaire, mais par une série de "mesures d'urgence" judicieusement orchestrées et de "réformes nécessaires" que le peuple, lassé et parfaitement "informé" par les chaînes préférées du pouvoir, finira par acclamer. 

Quel destin glorieux pour la liberté !

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