L'Art Subtil du "Deal" à la Canadienne : Comment Survivre aux Offres Qu'on Ne Peut Pas Refuser (Mais Qu'on Ne Veut Pas Non Plus)

 Par Suzy Wong

Monsieur le Premier ministre,

Comprenez bien, l'heure est grave... ou du moins, elle l'est pour ceux qui ne semblent pas tout à fait saisir la subtilité des « négociations » actuelles. Tandis que nos voisins du sud, dans un élan de générosité inouïe, nous envoient des lettres que d'aucuns qualifieraient de menaces – mais que leur illustre leader nomme affectueusement des « deals » –, vous, Monsieur le Premier ministre, vous persistez à croire qu'un accord sans tarif est, disons, un peu trop demander. Et vous avez raison ! Franchement, pourquoi viser l'absence totale de tarifs quand on peut embrasser la beauté de la taxation ? C'est tellement plus... équitable. Après tout, il n'y a pas beaucoup de preuves, comme vous l'avez si bien souligné, qu'un pays, quelle que soit sa taille ou sa juridiction, puisse espérer un « deal » sans un petit supplément.

Mes modestes propositions pour illuminer ce chemin tarifaire

Puisqu'il est clair que la diplomatie traditionnelle est devenue une sorte de pièce de théâtre absurde avec des « deals » qui ressemblent étrangement à des ultimatums, voici quelques joyeusetés pour égayer vos journées et, qui sait, déconcerter un peu nos interlocuteurs :

  •  Le « Tarif de l'Amitié Retrouvée » : Plutôt que de subir bêtement, pourquoi ne pas officialiser ces tarifs sous une bannière plus joviale ? Imaginons une contribution volontaire (mais obligatoire) pour le maintien de la paix nord-américaine. Chaque dollar perçu serait estampillé d'un petit drapeau canadien et d'une feuille d'érable souriante. On pourrait même inclure une carte de remerciement personnalisée pour chaque dollar versé. Après tout, un don, c'est toujours mieux qu'une taxe,    non ?
  •  Le T-Shirt « J'ai payé mon tarif et j'en suis fier ! » : Puisque nos produits traverseront de toute façon des douanes zélées, pourquoi ne pas créer une ligne de vêtements et d'accessoires estampillée « Tarif-Proof » ? Le summum serait un t-shirt avec la mention « Ce produit a survécu à un 'deal' Trump et a tout de même atterri dans votre panier ! » Vendu exclusivement aux États-Unis, bien entendu, avec un tarif d'importation supplémentaire. L'ironie, c'est chic.
  • L'Académie Canadienne de la « Négociation à la    Trump » : Forts de notre expérience, nous pourrions lancer une série de webinaires et de séminaires internationaux. Nous enseignerions l'art subtil de lire entre les lignes (et les majuscules) des lettres diplomatiques, comment interpréter le « grand » avec le « désastreux », et surtout, comment sourire poliment tout en recevant une nouvelle menace tarifaire. Un diplôme serait remis à chaque participant : le « Maître Es-Deal    Imprévu ». Une compétence de plus pour nos brillants diplomates !
  • L'échange de "Lettres d'Amour avec Sarcasme Intégré" : Pourquoi ne pas capitaliser sur l'amour des lettres de notre cher voisin ? Nous pourrions instaurer un échange régulier de correspondance, non pas pour négocier, mais pour pratiquer l'art épistolaire. Une semaine, nous pourrions menacer d'envoyer nos plus redoutables équipes de curling, la suivante, inonder le marché américain de sirop d'érable bio, menaçant ainsi l'industrie du sucre de maïs. Le tout, bien sûr, avec un ton des plus amicaux.
  • Un caméo présidentiel dans Anne aux pignons  verts : Si la diplomatie est devenue un spectacle, pourquoi ne pas inviter le principal acteur à une de nos productions ? Imaginez Monsieur Trump tentant de « dealer » l'achat de provisions avec Marilla Cuthbert, ou essayant de privatiser les Pignons Verts. Cela ferait sans doute plus pour les relations bilatérales que n'importe quelle séance de négociation. Et avouons-le, ce serait divertissant.

Des idées pour pimenter encore plus la "négociation"

  • Le "Forfait Prestige Américain" pour nos exportations : Puisque l'idée de tarifs est si attrayante pour nos voisins, pourquoi ne pas devancer l'appel et créer nous-mêmes un "Forfait Prestige Américain" pour nos exportations ? Chaque produit canadien exporté vers les États-Unis serait accompagné d'une petite brochure expliquant comment ce tarif supplémentaire est en fait un                  « investissement dans l'excellence nord-américaine ». On pourrait même offrir des paliers : le "Forfait Bronze" pour une taxe modeste, le "Forfait Argent" pour les produits de luxe, et le "Forfait Platine" pour le sirop d'érable, justifiant le prix par la « qualité incomparable de notre amitié ».
  • Le "Mur des Lamentations Tarifaires" à la frontière : Puisque les murs sont à la mode, et que les tarifs s'accumulent, nous pourrions ériger symboliquement un « Mur des Lamentations Tarifaires » à la frontière. Pas un vrai mur, bien sûr, juste une installation artistique géante où chaque droit de douane imposé par les États-Unis serait représenté par une brique ornée d'un visage pleurant (mais avec une petite larme pailletée, pour le panache). Cela permettrait aux citoyens des deux côtés de méditer sur la beauté de ces « deals » économiques.
  • L'exportation de notre "expertise" en hockey sur glace : Face à la rudesse des négociations, pourquoi ne pas proposer d'exporter notre ressource la plus précieuse et la plus redoutable : nos joueurs de hockey junior ? Chaque fois qu'une nouvelle menace tarifaire est brandie, nous pourrions « accidentellement » envoyer une équipe de 12 ans invaincue dans une ville américaine pour un match amical. Le message serait clair : « Vous voulez jouer dur ? Nous jouons au hockey. » La défaite cuisante de leurs jeunes espoirs pourrait être une forme de dissuasion diplomatique inattendue.
  • Le "Programme d'Échange Culturel de Menaces" : Puisque les lettres menaçantes sont devenues une forme d'art, nous pourrions lancer un programme d'échange culturel. Nous enverrions des poètes et des dramaturges canadiens à Washington pour les aider à « affiner » leur rhétorique menaçante, et en échange, ils enverraient leurs « négociateurs » au Canada pour apprendre l'art de l'humour pince-sans-rire. Imaginez une lettre de menaces écrite en alexandrins, ou une proposition de « deal » livrée avec un clin d'œil.
  • Les "Journées Portes Ouvertes" de nos usines touchées : Au lieu de nous lamenter, nous pourrions organiser des « Journées Portes Ouvertes » pour les médias internationaux dans les usines canadiennes directement impactées par les tarifs. Avec des banderoles géantes affichant « Grâce à nos amis du Sud, nos coûts ont augmenté ! Venez voir la grandeur du 'deal' ! » Ce serait une excellente occasion de montrer la « prospérité » générée par ces nouvelles mesures, tout en offrant du café et des beignes aux journalistes.
  • Un cours obligatoire sur la "Décodification du Langage Trumpien" : Pour nos diplomates et fonctionnaires, un cours intensif serait mis en   place : « Décodifier le Langage Trumpien : De la Menace au Marchandage, un Guide Pratique ». Ce cours enseignerait l'art de traduire des phrases comme « C'est le pire accord de l'histoire ! » en « Il est temps de s'asseoir et de discuter, mais pas trop longtemps. » Les examens finaux seraient basés sur des tweets présidentiels, avec des points bonus pour la capacité à identifier le sarcasme involontaire.

Monsieur le Premier ministre, dans ce monde où un         « deal » peut aussi bien être une poignée de main qu'un coup de poing déguisé en papier timbré, il me semble que l'humour est la seule arme qui nous reste pour garder notre dignité intacte. Et peut-être, juste peut-être, dérouter un peu l'adversaire. Alors, quelle suggestion vous fait le plus vibrer, monsieur le Premier ministre ? 😜



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