Par Suzy Wong
Ah, encore un féminicide au Québec, tabarnouche... Non, pardon, il faut rester poli, c'est vrai. Disons plutôt : encore un féminicide au Québec, quelle tristesse infinie. On se demande ben comment ça se fait qu'on en arrive encore là, malgré tout ce qu'on dit et tout ce qu'on essaie de faire.
Pis c'est ça qui est le plus décourageant, tsé. C'est pas comme si ça sortait de nulle part, la plupart du temps. On entend tellement souvent des histoires de chicane qui dégénèrent, de gars qui contrôlent leur blonde, qui sont jaloux maladifs. Des petites remarques anodines au début, qui deviennent de plus en plus insistantes, de plus en plus menaçantes. Des regards noirs, des silences pesants, une atmosphère de marde qui s'installe tranquillement dans la maison.
On connaît tous quelqu'un qui a vécu ça, ou une voisine, une amie d'une amie. On entend les rumeurs, on voit les bleus qu'on essaie de cacher sous du maquillage. On sent la tension palpable quand le couple est ensemble. Et souvent, on se dit : "Pourvu que ça n'aille pas plus loin." Mais des fois, ça va plus loin, justement.
Combien de fois on a entendu après un drame : "Ah ben, on s'en doutait un peu, il était tellement possessif", ou "Elle avait peur de lui, elle nous l'avait dit"? Toutes ces fois où c'était un drame annoncé, où les signaux étaient là, bien visibles, mais où on n'a pas su, ou pas pu, intervenir à temps.
C'est ça qui révolte le plus, je pense. Ce sentiment que peut-être, juste peut-être, si quelqu'un avait tendu la main plus tôt, si on avait écouté attentivement ces appels à l'aide silencieux, si on avait pris au sérieux ces "petites" violences, on aurait pu éviter cette tragédie.
C'est une claque en pleine face à chaque fois. Ça nous rappelle qu'il faut être plus vigilants, qu'il faut oser s'en mêler quand on sent que quelque chose ne va pas. Qu'il faut offrir de l'aide sans attendre qu'on nous la demande explicitement. Parce que des fois, la peur et l'isolement sont tellement grands qu'on n'arrive plus à demander de l'aide.
Alors oui, encore un féminicide. Encore une vie brisée, encore des enfants qui vont grandir sans leur mère. Et encore cette amère constatation que trop souvent, ce n'était pas un éclair dans un ciel bleu. C'était un orage qui grondait depuis longtemps, et qu'on n'a pas su arrêter à temps.
Pis parlant de banaliser des affaires, y'a une affaire qui me tape sur les nerfs solide : c'est quand des femmes trouvent ça "cute" que leur chum soit jaloux. Elles pensent que c'est une preuve d'amour, que ça veut dire qu'il tient à elles. "Oh, il est tellement protecteur quand je parle à d'autres gars!" qu'elles disent, avec un petit sourire niaiseux.
Mais voyons donc! De la jalousie maladive, ce n'est pas de l'amour, c'est de la possessivité, du contrôle. C'est une graine de violence qui est plantée là, qui ne demande qu'à germer. Au début, ce sont des petites remarques, des questions insistantes sur où tu étais, avec qui. Après, ça devient des interdictions de voir certaines personnes, des crises de colère si tu ne réponds pas assez vite à ses messages. Pis tranquillement, sans qu'on s'en rende compte, on se retrouve pris au piège, isolé de nos amis, de notre famille.
Et c'est ça, le drame annoncé. Ces femmes qui prennent des signaux d'alarme pour des marques d'affection. Qui se disent que c'est normal d'être un peu contrôlé parce que "c'est l'amour passionnel". Mais l'amour passionnel, ça ne fait pas peur, ça ne fait pas pleurer en cachette.
C'est tellement triste de penser que des vies pourraient être sauvées si seulement on changeait notre perception de ce qui est "cute" et de ce qui est dangereux. Si on enseignait aux jeunes filles, dès le plus jeune âge, que la jalousie excessive n'est pas un signe d'amour, mais un drapeau rouge gros comme le bras.
Alors oui, encore un féminicide. Et on se demande combien d'autres drames annoncés faudra-t-il avant qu'on comprenne que certains "signes d'amour" sont en réalité les premiers pas vers l'enfer.
Féminicides : Quand les Plâtres Tiennent Pas le Coup
Ah, les "ressources"... Ben voyons donc. Comme si un p'tit papier pis un numéro de téléphone allaient faire disparaître comme par magie des années de terreur et de violence. On nous dit d'appeler, tsé, comme si la peur nous pognerait pas tellement à la gorge qu'on serait muettes comme des carpes. Pis ces maisons d'hébergement là, des espèces de forteresses de fortune où on tasse les femmes brisées, loin des "grands" hommes qui les ont scrapées. Quelle belle affaire ! On les met de côté, ces femmes qui dérangent, pendant que la société continue son train-train, à peine ébranlée par ces "histoires" qui arrivent pas mal trop souvent.
Pis après, y'a les organismes de "sensibilisation". On donne des rubans blancs, on organise des marches tranquilles... comme si quelques slogans bien tournés allaient changer des idées ben ancrées dans le patriarcat. On nous explique, avec un air de supériorité, que "non, taper sa femme, c'est pas correct". Merci, on l'aurait jamais deviné tout seuls !
Pis le gouvernement, dans sa grande bonté, met en place des "initiatives". Des fonds par-ci, des comités par-là. On met un peu d'argent public pour faire croire qu'on s'occupe du problème, pendant que les féminicides continuent de s'empiler, des chiffres froids dans des rapports plein de poussière.
Alors oui, les "ressources" sont là. Bien alignées, bien classées. Prêtes à être utilisées... par celles qui ont encore le courage de chercher, de demander, de croire qu'une main tendue va pas se refermer sur elles. C'est drôlement ironique, hein ? On met des diachylons sur des grosses coupures, en s'étonnant que la personne finisse par y passer.
Mais bon, peut-être que ça peut vous aider pareil :
Au Québec, et plus particulièrement dans la région de Laval où je suis, il existe plusieurs ressources importantes pour les femmes victimes de violence et pour sensibiliser au féminicide. Voici quelques pistes :
Services d'aide et d'hébergement :
* SOS violence conjugale : Il s'agit d'une ligne téléphonique d'aide et d'information gratuite et confidentielle, disponible 24/7. Ils peuvent offrir un soutien immédiat, de l'écoute et orienter vers des ressources appropriées. Leur numéro est le 1 800 363-9010. Ils ont également un site web avec des informations et des options de clavardage.
* Maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale : Plusieurs maisons d'hébergement offrent un refuge sécuritaire et un accompagnement psychosocial aux femmes et à leurs enfants qui fuient la violence. Ces maisons sont généralement confidentielles pour assurer la sécurité des résidentes. Vous pouvez contacter SOS violence conjugale pour être dirigée vers la maison la plus proche et adaptée à votre situation.
* Centres d'aide aux victimes d'actes criminels (CAVAC) : Ces centres offrent des services gratuits et confidentiels aux victimes d'actes criminels, incluant la violence conjugale et le féminicide (pour les proches des victimes). Ils peuvent offrir du soutien psychologique, de l'information juridique et de l'accompagnement dans les démarches. Il y a un CAVAC dans la région de Laval. Vous pouvez trouver leurs coordonnées en ligne.
Organismes de sensibilisation et de prévention :
* Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale : Cet organisme provincial travaille à la défense des droits des femmes victimes de violence conjugale et soutient les maisons d'hébergement. Leur site web offre des informations importantes et des ressources.
* Table régionale de concertation en matière de violence conjugale et d'agression sexuelle de Laval : Cette table regroupe différents acteurs de la région travaillant à prévenir et contrer la violence. Ils peuvent avoir des initiatives et des informations spécifiques à Laval.
* Autres organismes communautaires : De nombreux organismes locaux à Laval peuvent offrir du soutien psychosocial, de l'aide juridique ou des groupes de soutien pour les femmes.
Ressources gouvernementales :
* Ministère de la Justice du Québec : Le site web du ministère offre des informations sur les lois en matière de violence conjugale et d'aide aux victimes.
* Secrétariat à la condition féminine : Cet organisme gouvernemental travaille à l'égalité entre les femmes et les hommes et soutient des initiatives de prévention de la violence.
Pour les proches des victimes de féminicide :
* Les CAVAC offrent également un soutien spécifique aux familles et aux proches des victimes d'homicide, y compris les féminicides.
* Des groupes de soutien pour les personnes endeuillées peuvent également être utiles.
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