Le projet de loi issu de la commission parlementaire «Mourir dans la dignité» ne devrait-il pas être plutôt appelé «Vivre dans la dignité»?

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Véronique Hivon a dit :

«Cette loi, progressiste et humaine, permettra à chaque personne en fin de vie d'être accompagnée d'une manière qui répond à ses besoins propres, dans le respect de ses volontés et de son intégrité. Il s'agit d'une loi tout à fait à l'image de la société québécoise, une société ouverte, solidaire et capable d'innover pour le bien-être de tous.»

Dans une proportion de 94 voix contre 22, sans aucune abstention, l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi 52 qui encadre les soins de fin de vie.  Est-ce une avancée sans précédent pour les personnes en fin de vie ?  Pas certaine que oui, pas certaine que non. En fait, il y a une semaine, je savais que j'étais contre ce projet de loi.  Aujourd'hui,  je ne sais plus du tout si je suis pour ou contre.  Peut-être parce que je n'en saisis pas clairement le sens. Peut-être aussi parce que je ne suis plus du tout certaine si mon père est mort de sa belle mort ou si on ne l'a pas euthanasié.

Mon père est décédé d'une longue maladie en juin 2011, parmi les siens, dans sa maison. Est-il mort dans la dignité ?  Oui. Mais surtout, il a vécu dans la dignité jusqu'à la toute fin. Dans ses derniers jours, le médecin qui venait à la maison m'expliquait chaque jour que même si mon père était maintenant dans le coma et qu'on croyait qu'il ne souffrait plus vraiment, je pouvais quand même lui injecter aux 4 heures de la morphine, même si c'était certain que ça écourterait sa vie sûrement d'une couple d'heures, voire peut-être d'un jour ou deux. Le médecin me répétait souvent que d'agir ainsi n'allait pas être un homicide, que c'était la volonté de mon père puisque dans son mandat d'inaptitude il avait bel et bien mentionné qu'on ne devait pas prolonger sa vie si celle-ci était sur sa toute fin et qu'on devait faire tout notre possible pour abréger ses souffrances.

Sans protester, je me suis exécutée, mais en me faisant rassurer constamment par les infirmières ou les préposés qui passaient à maintes reprises chaque jour, que je n'étais pas en train de tuer mon père avec le faux prétexte de donner des soins palliatifs en fin de vie. À chaque fois que je préparais une seringue, je redemandais à ma mère si elle m'en donnait la permission.

Était-ce de l’euthanasie ?  Si tel est le cas, elle est donc déjà pratiquée au Québec depuis belle lurette.   Est-ce une pratique indéfendable ?  Presque 3 ans plus tard, j'en reste encore profondément marquée.  Si le fait de donner par voie intraveineuse de la morphine à mon père qui était en train de mourir était bel et bien de l'euthanasie, je ne le soignais pas, donc, est-ce que je commettais un homicide ? Un homicide acceptable ?

Suzy Wong
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Ton geste, selon moi n'avait rien à voir avec l'euthanasie. Puisque malgré les commentaires du médecin qui disait que ton père ne souffrait plus, je ne crois pas qu'il st possible de s'en assurer. J'ai vu du monde souffrir en fin de vie, mais vraiment beaucoup souffrir. Ils savaient que c'était leurs derniers moments qu'il n'y avait plus rien à faire. EUX, dans leurs volontés étaient prêts à partir, ils ne voulaient en aucun cas qu'on prolonge leurs souffrances et ce, surtout en cas de coma.

Ma grand-mère est tombée dans le coma à la suite d'une maladie qui a dégénérée, à la fin de sa vie, elle nous a très bien mentionnée ne pas vouloir qu'on prolonge sa vie. Par contre, l'euthanasie étant illégal à ce moment, elle est tombée en coma, sa vie était maintenue à cause des machines, elle est restée ainsi 2 semaines avant qu'on atteigne l'état de mort cérébrale. à tous les jours elle avait, elle aussi sa morphine. Je sais que ma grand-mère aurait préférée qu'on la débranche de ces machines et qu,on la laisse partir plus vite.

Je suis sincèrement d'avis que la mort assistée doit être légale, mais également TRES contrôlée. Si une personne veut avoir accès à ce type de pratique, il devrait être indiqué, dans un mandat en cas d'inaptitude, son testament aussi. De plus les membres de la famille devrait en être avisé, puisque ce sont souvent eux qui ne veulent pas voir leur proche partir et avec raison. Plusieurs balises doivent être mises en place avant de lancer ce programme pour être certain de ne pas créer plus de problème, mais bien d'abréger les souffrances d'une personne, comme elle le souhaite. Personnellement, si je voulais mourir puisque je suis en fin de vie et que je souffre, je serais heureuse de pouvoir avoir de l'aide après avoir dit au revoir à mes proches.

Je suis donc POUR l'euthanasie, mais qu'il soit bel et bien contrôlé, surveillé et SURTOUT exécuté à l'hôpital sous contrôle médical

Mylène Robillard

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