Prospérité pour Tous (Ceux Qui N'en Avaient Pas Besoin)

 Par Suzy Wong

OBBBA : Une Victoire Écrasante pour les Comptes Bancaires déjà Bien Remplis

Il y a de ces jours qui marquent l'histoire, et le vendredi dernier fut sans conteste l'un d'eux. Le président des États-Unis, dans un élan de modestie présidentielle qu'on lui connaît si bien, a déclaré avec la ferveur d'un télévangéliste en pleine récolte de dîmes : « C’est le projet de loi le plus populaire jamais signé ! » On parle ici du One Big Beautiful Bill Act (OBBBA), une véritable œuvre d'art législative dont la complexité n'a d'égale que la transparence de ses intentions.

Un chef-d'œuvre de redistribution (vers le haut)

Imaginez un instant : des réductions d’impôt massives ! Tellement massives qu'elles feraient pleurer de joie les actionnaires de multinationales et les collectionneurs de yachts. Parce que, soyons honnêtes, qui mérite plus de se faire choyer par la patrie que ceux qui, à force de travail acharné (celui de leurs avocats fiscalistes, s'entend), ont réussi à accumuler des fortunes indécentes ? Après tout, l'argent ne fait pas le bonheur, mais il achète un jet privé pour pleurer en grand confort. Ou encore, comme l'a si bien dit le PDG d'une grande banque d'investissement :    « Ces réductions, c'est la preuve que le ruissellement existe. Il ruisselle juste vers mon compte aux îles Caïmans. »

Mais attendez, ce n'est pas tout ! Pour équilibrer la balance (ou plutôt, pour la faire pencher encore plus dramatiquement), l'OBBBA prévoit également des coupes majeures dans les programmes sociaux. Et là, on applaudit des deux mains ! Parce que soyons clairs : les pauvres, ils ont déjà la dignité, non ? Et puis, entre nous, les programmes sociaux, c'est un peu comme ces buffets à volonté : ça encourage la fainéantise. Autant leur apprendre à pêcher... euh, pardon, à devenir PDG d'une licorne technologique en partant de zéro (le zéro de leur compte en banque, bien sûr).

Comment "Aider les Plus Démunis" en Leur Enlevant Ce Qu'ils Avaient

Prenons l'exemple des soupes populaires. Avec l'OBBBA, elles vont devoir innover ! Fini le gaspillage de légumes moches et la charité aveugle. Maintenant, ce sera « Soupe populaire 2.0 » : un abonnement premium pour avoir accès à une portion de lentilles, avec option payante pour une cuillère. Quant aux refuges pour sans-abris, ils seront transformés en Airbnb de luxe pour chiens de millionnaires. Après tout, les priorités !

Un avenir radieux (pour certains)

Le président a même ajouté, les yeux brillants d'une vision d'avenir, que grâce à l'OBBBA, l'Amérique allait connaître une ère de prospérité inégalée. On ne doute pas un instant de ses paroles. Une ère où les riches seront plus riches, les pauvres seront plus... euh... libres de toute contrainte matérielle, et où la main invisible du marché sera tellement occupée à caresser le dos des milliardaires qu'elle en oubliera de donner des claques aux autres.

En somme, l'OBBBA n'est pas qu'un projet de loi ; c'est une déclaration d'amour à la logique, une ode à la méritocratie inversée. C'est l'illustration parfaite qu'en politique, le sens des priorités est toujours aussi... prioritaire. Et comme l'a si bien dit un grand penseur (probablement un de ceux qui paient le moins d'impôts) : « Ce n'est pas parce qu'on a moins d'argent qu'on a moins de valeur, c'est juste qu'on a moins d'argent. » Et ça, l'OBBBA l'a parfaitement compris.

Alors, j’imagine qu’il faut applaudir ce grand pas en avant pour l'égalité... enfin, l'égalité des chances de s'enrichir pour ceux qui le sont déjà ?