L'Âge des Nuages et les Histoires sans Fin

 Par Suzy Wong

Tranche de vie d’un chrysanthème bipède…

La cinquantaine : quand la sagesse flirte avec l'insouciance

Alors, la cinquantaine approche à grands pas, tel un livreur Amazon avec un colis plein de "sagesse" et de "maturité" que je n'ai absolument pas commandé. Mais ma tête? Toujours perchée là-haut, dans les nuages cotonneux des récits d'ados. J'écris des histoires de premiers baisers, de bal de finissants et de chagrins d'amour épiques, pendant que mon propre fils, avec un roulement d'yeux digne d'un Oscar, me harcèle pour que je finisse le chapitre. J'imagine déjà le titre de mes mémoires : "Ma mère, cette ado de 49 ans et 10 mois".

Mon cœur, lui, n'a pas pris une ride. Il bat toujours la chamade pour ce même Saguenéen qui, il y a des lustres, a su me faire rire et me donner des papillons dans le ventre. On dit que l'amour vieillit comme le bon vin; dans notre cas, je crois qu'il est plutôt comme un bon whisky, on en a une dose chaque soir et ça réchauffe. On a survécu aux modes vestimentaires douteuses des années 90, aux coupes de cheveux discutables, et même à l'arrivée d'Internet – c'est dire la solidité de nos fondations!

Et que dire de mon bungalow à Vimont? C'est mon palais, mon refuge, ma forteresse imprenable contre les intrusions de la vie d'adulte responsable. Le matin, à 6h pétantes, pendant que le reste du monde dort encore ou s'agite dans ses rêves de factures et de réunions, je m'installe sur mon patio. Mon espresso allongé fume doucement, et à mes pieds, mon chiweenie, ce mélange improbable de chihuahua et de teckel, me regarde avec un air blasé, comme s'il se demandait ce que je fabrique à ruminer des intrigues pour pré-adolescents avant même le lever du soleil.

Alors oui, la cinquantaine est en approche. Mais tant que ma tête est dans les nuages, mon cœur près de mon Saguenéen, mon café à portée de main et mon chien à mes pieds, je crois bien que je continuerai à esquiver les responsabilités pour écrire la suite de cette vie qui ressemble étrangement à une comédie romantique. Après tout, qui a dit que l'âge devait rimer avec ennui? Certainement pas moi!